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tranchent avec le réalisme social et l’espace de banlieue des périodes précédentes. Une dizaine de comédies (en particulier celles de Djamel Bensalah) ayant comme réalisateurs ou acteurs des Franco-Maghrébins ont obtenu un large succès populaire entre 1999 et 2010, et une poignée d’acteurs, comme Jamel Debouzze et Roschdy Zem, ont rejoint Isabelle Adjani au rang des stars issues de l’immigration. Les films historiques à gros budget de Rachid Bouchareb (Indigènes, 2006; Hors-la-loi, 2010) et les récits intimes de l’immigration,comme Inch’Allah dimanche (Yamina Benguigui,2001) ou Cartouches gauloises (Mehdi Charef, 2007) contribuent à créer une contre-histoire présentant une vision plurielle du passé colonial de la France. Un autre chapitre intéressant et novateur est celui consacré aux films d’Abdellatif Kechiche. Higbee montre que l’évolution de la représentation de l’espace correspond au cheminement du réalisateur vers un cinéma non “accentué”. De La faute à Voltaire (2000) à Vénus noire (2009), Kechiche évite les stéréotypes de la banlieue et les schémas du récit d’immigration et construit une œuvre originale dans laquelle les différences de classe priment sur les différences ethniques (La vie d’Adèle, sorti après Post-Beur Cinema, confirme cette analyse). Les deux derniers chapitres, bien qu’essentiels, n’apportent rien de très nouveau par rapport à Screening Integration. Le chapitre 5 reprend un article d’Higbee sur la prolifération du récit de retour au bled dans les films des années 2000. Dans le chapitre 6, l’auteur confirme les conclusions de Michel Cadé sur l’absence relative de l’islam dans les films beurs et post-beurs. La conclusion, qui inclut des remarques sur Des poupées et des anges (Nora Hamidi, 2008), laisse entrevoir une place plus importante pour les femmes dans son corpus à l’avenir. On peut reprocher à l’auteur la généralisation de ses propos aux cinéastes Maghrébins en exil, alors que ceux-ci sont peu représentés dans l’étude, mais cet excellent ouvrage, avec ses synthèses introductives détaillées et ses analyses nuancées, est un must pour qui s’intéresse aux études filmiques et culturelles et à l’évolution de la société française contemporaine. University of North Carolina, Charlotte Michèle Bissière Sawadogo, Boukary. Les cinémas francophones ouest-africains (1990–2005). Paris: L’Harmattan, 2013. ISBN 978-2-296-99827-8. Pp. 256. 24,70 a. Sawadogo se concentre sur les figures marginales (femmes, homosexuels, fous) pour illustrer de manière concrète les changements et les nouvelles tendances filmiques qui témoignent d’une quête de sujets plus divers (amour, amitié, etc.). L’étude s’articule autour de trois axes principaux qui correspondent aux chapitres: cadre théorique et méthodologie, les figures de la folie, de la sorcellerie et de l’homosexualité, et enfin la figure de la femme. Sawadogo survole d’abord l’historique du développement cinématographique en Afrique de l’Ouest. Il revient sur l’aspect utilitaire et réaliste du cinéma par ses fonctions militantes et didactiques en rappelant que le film servait 208 FRENCH REVIEW 88.1 Reviews 209 surtout d’outil de libération et d’affirmation nationale.Ces préoccupations s’estompent, certes, mais il est aussi nécessaire de créer et d’utiliser un nouvel appareil critique (comme le propose Kenneth Harrow) pour analyser les nouvelles productions et thématiques africaines. L’Autre ne se présente plus seulement comme une figure subversive face au pouvoir dominant, mais il est représenté dans sa diversité et dans des contextes sociaux aussi nombreux que variés. Sawadogo préfère s’appuyer sur une lecture sotériologique, synchronique et clinique des figures emblématiques de la marginalité,“responsable[s] dans toute situation malheureuse qui touche la vie de la communauté” (60). La deuxième partie est consacrée aux marginaux qui dérangent par leur manque d’adhésion à la norme, mais il s’agit aussi d’une revendication de vivre hors norme. Les...

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