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succès de quitter Laura. Ces deux-là semblent destinés à vivre les incertitudes d’un désamour lent et progressif. La plupart du roman raconte donc les nombreuses péripéties qui jalonnent leurs efforts de rester ensemble, et s’arrête sur l’absence de Laura qui n’en finit pas de se prolonger, avec la suggestion qu’elle est définitive. Tout comme le premier roman de Kerr, Le désamour est marqué par des déplacements aussi subits que constants. À l’improviste, Laura et Glenn quittent seuls ou ensemble leur appartement, non seulement pour arpenter la ville de New York mais parfois aussi pour disparaître des jours ou des semaines au Brésil, à Detroit, à Lake Tahoe et à la fin à Paris. Même leur immeuble est condamné à d’importants travaux qui les obligent à décamper au mythique Chelsea Hotel. Cette difficulté de rester sur place ne crée pas seulement un rythme narratif, elle souligne également l’apparente impossibilité d’asseoir pour longtemps leur relation. Il n’est pas innocent à cet égard que Laura se préoccupe de l’extinction des espèces et des peuples en voie de disparition, image déformée d’une relation insolite, menacée elle aussi par le temps. Enfin, la question de savoir si leur amour pourrait survivre à l’épreuve de l’âge et du temps est redoublée par une autre, presque plus fondamentale sur le plan narratif et philosophique: existet -il un lieu pour vivre un amour rare? Avec humour et talent, Le désamour semble répondre par la négative. Mount Allison University (NB, Canada) Mark D. Lee Khadra,Yasmina. Les anges meurent de nos blessures. Paris: Julliard, 2013. ISBN 9782 -260-02096-7. Pp. 403. 21 a. Ce roman raconte les tribulations de Turambo, un jeune “yaouled”, un garçon misérable et analphabète né pendant l’Algérie coloniale des années vingt et qui, grâce au sport, passe subitement du ghetto à la célébrité et à la richesse. Au début du récit, Turambo—déformation d’Arthur Rimbaud—vit avec sa mère, son oncle et sa tante. Adolescent, il tombe amoureux de sa cousine Nora, une jeune pucelle qui sera victime d’un mariage arrangé, vendue aux enchères à un riche prétendant. Le cœur brisé, le héros monte à Sidi-Bel-Abbès, puis à Oran. Pour survivre, il fait ses preuves à l’école de la rue, travaille comme cireur de chaussures, plongeur dans une maison close, puis apprenti mécanicien. Un jour, lors d’une bagarre, il met K.O. un boxeur professionnel. Les recruteurs rapaces découvrent en lui un naturel, un étalon doté d’un redoutable crochet du gauche. Soudain, c’est l’offre de parrainage de Monsieur Le Duc, richissime homme d’affaires, qui devient son protecteur. Si certains, comme son ami Gino, le soutiennent sincèrement, Turambo découvre la méchanceté, la jalousie, et le racisme de certains blancs:“La gloire se mesure en fonction de la haine qu’elle suscite chez les détracteurs. Là où tu es encensé, d’autres t’enfument, tel est l’équilibre des choses” (239), lui dit le Mozabite philosophe. Pour l’aider à se détendre, Le Duc l’envoie chez Madame Camélia goûter aux fleurs du mal. Il fait alors la rencontre d’Aida, une jeune 268 FRENCH REVIEW 88.2 Reviews 269 fille de joie dont il tombe amoureux. Rejetant sa proposition de mariage, elle l’éconduit froidement et brise ce cœur trop candide. Il retombe amoureux d’Irène, une belle passante qui lui demande de choisir entre l’amour et la boxe. Enchaînant les victoires, il atteint le sommet de la gloire dans un combat contre le champion d’Afrique du Nord à Alger: “C’est une ville mythique [...]. Aucun étranger de passage ne la quitte sans emporter quelque chose dans sa valise. Quand on passe par Alger, on traverse le miroir. On arrive avec une âme et on s’en va avec une autre” (340). L’hommage à Camus au temps du Premier homme adolescent, est palpable. Toutefois, Turambo n’échappera pas à son destin qui le condamnera...

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