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D’une part, la maladie lui impose un horizon limité au seul périmètre hospitalier:“Cet hôpital est l’antichambre de la mort” (41). D’autre part, la pauvreté est le marqueur d’une appartenance sociale à l’origine de l’humanisme et du souci de justice propres au combat camusien: “La pauvreté, je la ressentis pour la première fois au lycée” (21) après l’affirmation que les“Arabes [étaient], misérables, eux”(20). Ainsi, tout au long de ce récit, le narrateur prend conscience que sa maladie, cause majeure de l’épuisement du corps, peut aussi s’assumer comme le lieu de l’appétit de vivre. C’est parce qu’elle menace précisément d’attenter à la vie, en lui indiquant la fin toute proche, qu’elle la dote d’un surcroît de force:“Je tiens à la vie comme un pauvre à son quignon de pain” (35). En 1949, Camus effectua un voyage au Brésil, mû par un besoin de fuir sa vie parisienne trop pesante. Le bateau qu’il prit sert à Bachi de prétexte romanesque à l’évocation nostalgique de sa jeunesse algéroise. D’un point de vue formel, aux vingt chapitres proposés correspondraient sans doute les vingt journées de la traversée ou les vingt ans qu’il lui faudra “pour achever [son] œuvre” (70). Bachi raconte d’abord, dans un style alerte et captivant, l’enfance de Camus vécue dans la joie des bords de plage, des copains, des conquêtes féminines et du soleil. Une insouciance tempérée par deux béances: l’absence du père mort à la guerre—“on m’a envoyé l’éclat d’obus” (78)—doublée de la présence-absence de la mère emmurée dans “ce silence animal” (11), celui des sans-grades à “épaules rentrés” (11). Puis il y a la maladie qu’il faut vaincre: “Je crache mes poumons” (39). La seconde partie, qui pèche par trop de didactisme et de souci d’esthétisation, plonge les lecteurs dans les méandres des positionnements politiques: la question de l’Espagne franquiste, le communisme de jeunesse, les événements de Sétif et de Guelma raccourcis, le rapprochement avec les milieux musulmans, le retour rébarbatif sur l’appétence sexuelle du jeune homme— corps malade se nourrissant et trouvant peut-être son prolongement vital dans celui des femmes. Moins convaincante enfin par la justification de L’étranger (252), elle l’est encore moins par la date choisie (1949) qui permet de passer sous silence la position controversée de Camus sur la guerre d’Algérie et sa déclaration de Stockholm. University of Missouri, Kansas City Nacer Khelouz Bartelt, Franz. Le fémur de Rimbaud. Paris: Gallimard, 2013. ISBN 978-2-07-0142682 . Pp. 248. 18,50 a. Majésu Monroe a une imagination débordante et un bagout intarissable, qualités indispensables à la réussite de son commerce de brocanteur. Il ne vend que des objets rares et insolites chargés d’histoire: ici une chaussette trouée de Rimbaud, là des bigoudis siciliens ou des sauterelles en peluche. Se définissant comme étant “à la fois artiste, scientifique, mystique”(18), un génie sans la névrose qui généralement affecte les êtres surdoués, il est en fait mi-escroc, mi-saltimbanque. Un jour, une jolie femme d’allure indigente convoite l’achat d’une bague ayant appartenu à la sœur cadette de 256 FRENCH REVIEW 88.2 Reviews 257 Raspoutine. Majésu tombe instantanément sous son charme, lui fait des facilités de paiement puis l’invite à prendre un verre. Noème, c’est son nom, accepte avec plaisir et lui raconte qu’elle est la fille de bourgeois richissimes dont elle méprise la fortune acquise sur le dos du peuple. Par esprit de revanche, elle est devenue communiste, révolutionnaire et alcoolique, et ne fréquente que les miséreux. Elle loge dans un studio minable donnant sur le dépotoir municipal. Consciente de ses responsabilités sociales, elle tient une permanence au bistro du coin où elle distribue vin, tabac et...

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