Le mythe de l’islamisation: essai sur une obsession collective par Raphaël Liogier (review)

Reviews 247 the day, he even practiced for a time the divisionism, or pointillisme, of Seurat and Signac. Renoir also peopled his landscapes with human figures and forged a merging of nature and humanity in light and color. Sisley made it his mission to capture the atmospheric conditions of light in the sky and the sky’s reflections on land, water, and human habitation. Caillebotte used the same daring perspectives and photographic cropping in his pictures of the country that he did in his cityscapes. Finally, Berthe Morisot adapted the techniques of Impressionism to the domestic landscape and familial subjects to which women, including artists, were limited in that era. University of Denver James P. Gilroy Liogier, Raphaël. Le mythe de l’islamisation: essai sur une obsession collective. Paris: Seuil, 2012. ISBN 978-2-02-107884-8. Pp. 213. 16 a. Rédigé dans une langue claire dépourvue de jargon,s’adressant tant au grand public qu’à des spécialistes de l’islam dans le monde occidental, l’ouvrage de ce sociologue des religions livre une analyse incisive de l’islamo-paranoïa ambiante: ses formes, discours et origines historiques, ses scénarios aussi délirants qu’influents, ses soubassements et causes réelles,loin des raisons explicitement invoquées.Idéologie désormais dominante, cette nébuleuse de peurs et de théories qui servent à les rationaliser (dont certaines se veulent savantes) pose que le monde occidental, l’Europe en particulier, est la cible d’une stratégie intentionnelle d’islamisation de ses cultures, consciences, populations, systèmes politiques et légaux de la part d’un“axe secret arabo-musulman-européen”(7) où états islamiques (Arabie Saoudite, Qatar), groupes islamistes et leurs cinquièmes colonnes (jeunes de banlieue, prédicateurs salafistes, etc.), et élites politiques occidentales complices se partagent le travail de sape et de pénétration. Le but ultime de cette entreprise, véritable guerre secrète, étant ce que Renaud Camus appelle“le Grand Remplacement”, la transformation de l’Europe en République islamiste chapeautée par l’Iran et les monarchies pétrolières du Golfe. Un des mérites du livre est de montrer que malgré la nature proprement délirante de ce conspirationnisme (ou peut-être grâce à elle), son succès transatlantique est phénoménal et s’étend au-delà des cercles extrémistes et islamophobes habituels, pour gagner les consciences de populations entières dont celles des élites intellectuelles, journalistiques et artistiques. Il ressort de ce panorama apocalyptique, mais souvent présenté par l’auteur avec un humour qui en allège la gravité, que le mythe de l’islamisation constitue un nouveau populisme fédérateur. Celui-ci restructure la vie politique européenne et déplace ses centres de gravité, les recentrant autour de vieilles peurs vis-à-vis de l’islam tout en produisant des alliances tactiques surprenantes (la fusion entre les extrêmes droites nationalistes et xénophobes et certaines gauches républicaines antiracistes et féministes, unies par leur rejet de l’islam). Bien que l’auteur ne développe pas ce point comme il mériterait de l’être, le mal fait aux sociétés européennes par cette nouvelle doxa anti-islam est énorme: stigmatisation et calomnies contre les musulmans citoyens ou étrangers,climat délétère pour les droits civiques de ces minorités mais aussi, par contrecoup, des majorités, lois liberticides d’exception (bannissements de signes religieux,interdictions de minarets,etc.),augmentation des agressions physiques contre les musulmans,émergence de nouvelles formes de terrorisme islamo-paranoïaque dont le tueur Norvégien Anders Breivik est le prototype. L’essai est pénétrant mais sous-estime cette cohorte d’effets nocifs et leurs conséquences à long terme, sur lesquelles il passe un peu vite au profit d’une analyse des discours, d’une déconstruction (efficace) des arguments qui sous-tendent ces thèses, et d’une démonstration que la figure fantasmée de l’Islamiste Conquérant est devenue pour les majorités européennes le bouc émissaire de leurs propres “blessures narcissiques” (206) et de leurs crises économiques, identitaires, culturelles: leur Autre...