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s’imprégner du formidable effort qu’il faut pour comprendre l’Autre et négocier avec lui; elle saura alors regarder le monde par les yeux du pardon, arriver à un esprit de solidarité et de résilience, et sortir profondément mûrie par l’Afrique. Intercalant un journal intime narré à la première personne et de courts chapitres à la troisième personne qui distancient l’héroïne de son passé à Montréal, Paventi n’évite pas certains poncifs (culpabilité de l’Homme blanc, courage et résilience de figures féminines africaines, rangers qui préfèrent les animaux aux humains, difficultés des couples métisses). C’est en revanche de façon très originale qu’elle nous invite à mieux nous informer en consultant le blogue de Fleur, où figurent notes, cartes et dessins en marge de son texte. Davidson College (NC) Catherine Slawy-Sutton Plantagenet, Anne. Trois jours à Oran. Paris: Stock, 2014. ISBN 978-2-2347-090-5. Pp. 176. 17 a. Ce roman commence le 15 septembre 2005 au terminal sud d’Orly. La narratrice, fille et petite-fille de pieds-noirs, y attend son père avec angoisse. Ils doivent ensemble embarquer sur un vol à destination d’Oran. Le but de ce voyage n’est pas pour elle d’effectuer un retour vers sa terre natale mais de découvrir une ville et un pays qu’elle ne connaît qu’au travers des souvenirs racontés par son père et sa grand-mère. Pour cette dernière, l’espace du passé n’était désigné que sous le vocable générique de “làbas ”, oblitérant ainsi le nom de l’Algérie et nourrissant à l’égard des indigènes une douloureuse rancœur. La narratrice, accoutumée à entendre de la bouche de cette aïeule pourtant aimée et douce des insultes racistes envers les Arabes, a fini par se révolter. La mort de sa grand-mère ainsi que son propre divorce ramènent la narratrice vers son père, homme taiseux qui se demande comment ils seront accueillis dans la ferme où il est né et où il a grandi jusqu’à l’âge de seize ans, avant d’être contraint au départ comme d’autres “petits colons” (55). Mais aussi bien en ville que chez le propriétaire de la ferme de Misserghin, l’accueil est chaleureux, les rencontres aussi inattendues que généreuses et les retrouvailles émouvantes. Il apprécie en particulier la compagnie du jeune Amin, un chauffeur algérien qui l’aide à retrouver les traces de son passé. À Oran, les rues n’ont changé de nom que sur les plaques, les souvenirs demeurent vivaces et la ville ouvre ses bras pour accueillir avec chaleur l’enfant prodigue, que la visite des tombes blanches oubliées et la redécouverte du bleu éblouissant de la mer subjuguent.Ainsi, à Oran, l’étranger se retrouve-t-il chez lui. Il s’anime et se métamorphose en sillonnant les rues de sa jeunesse et se transforme, à la grande surprise de sa fille, en un homme souriant et vivant. À la fierté découverte d’être dépositaire d’un héritage familial particulier s’oppose pourtant chez elle la honte sentie devant les événements qui ont marqué les rapports entre les deux pays. Ce récit autobiographique révèle un écartèlement entre les deux rives en apparence inconciliables. 268 FRENCH REVIEW 88.3 Reviews 269 La trame narrative évoque constamment ce déchirement: l’orgueil et la culpabilité, la France et l’Algérie, le passé et le présent, jusqu’à l’amour de la narratrice pour deux hommes. Plantagenet réalise ici un écrit original et personnel sur la quête identitaire. Elle réussit à doter son récit de descriptions fines et minutieuses, empreintes de souvenirs lointains, de nostalgie, de tristesse et de joie.Au cours de ce voyage initiatique bref, non dénué de risque, son écriture gagne en densité émotionnelle et permet à la narratrice de s’affranchir d’un lourd poids. Plus encore qu’une aide à gagner sa liberté, il lui ouvre de nouvelles perspectives dans...

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