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Reviews 265 avec l’histoire personnelle, non seulement en tant qu’inspiration, mais également comme objet cathartique. University of Iowa Cynthia Laborde Orsenna, Érik. Mali, ô Mali. Paris: Stock, 2014. ISBN 978-2-234-06336-5. Pp. 403. 21,50 a. En 2012, sur le point de sombrer dans une guerre civile, le Mali surgit au cœur de l’actualité. La France envoie des troupes pour repousser les islamistes qui terrorisent la population dans le nord et se rapprochent dangereusement du sud. Or que savent les Français de ce pays que leurs soldats vont tenter de libérer? De son histoire, sa géographie, ses légendes, ses mythes, ses peuples, son langage? Certains se rappelleront de Madame Bâ, le personnage épique, plus grand que nature, d’un roman éponyme qui avait tellement frappé les esprits en 2003 que le Président Chirac lui avait fait livrer une lettre—authentique, reproduite ici—pour lui dire qu’il serait “heureux [...] de parler avec [elle] des enjeux qui sont aujourd’hui non seulement ceux de l’Afrique mais aussi les nôtres” (41). En ce moment crucial de l’histoire du Mali, Orsenna se devait de remettre en scène son héroïne “lourde de fatigue et de kilogrammes” (16) pour expliquer aux lecteurs la situation dans ce pays et cette région. Sa voix est celle d’une vieille femme énergique, truculente, colérique, indomptable, au bon sens infaillible, à la culture incommensurable, au parler franc et direct, et au verbe ironique et haut en couleur; bref une femme “plus puissante qu’un éléphant” (39). L’institutrice “à la retraite, surveillante surnuméraire à la cantine de l’école Ferdinand-Buisson”à Villiersle -Bel (17), est sommée par des associations de compatriotes d’aller sauver son pays— une tâche qu’elle accepte sans trop rechigner après avoir consulté son mari défunt dont elle seule entend la voix. C’est donc accompagnée de son petit-fils que la Jeanne d’Arc africaine s’envole pour le Mali, où elle mènera plusieurs missions et, entre autres, un combat sur deux fronts: auprès des jeunes pour leur faire aimer les études, et auprès des femmes pour que ne sorte de leur ventre “qu’un nombre raisonnable d’enfants” (203). Prénommé Michel en France, Ismaël en Afrique, le petit-fils qui s’était essayé au football, à la drogue et à la musique, sert de griot à sa grand-mère. Il devient“le témoin de [son] parcours historique” et a comme charge “l’édification de [sa] légende” (45). L’intrépide aventurière emmène les lecteurs dans un périple africain sans pareil, pour leur faire découvrir l’Afrique de l’Ouest dans toute sa splendeur et sa misère, sa joie de vivre et ses horreurs. Sans s’en apercevoir, ceux qui accompagnent l’inlassable éducatrice assistent alors à un véritable cours d’initiation à l’Afrique, ses femmes, ses groupes ethniques, ses politiques, ses bienfaiteurs, ses malfaiteurs, ses trafiquants, ses djihadistes, ses preneurs d’otages, ses dictons, ses cultures, ses principaux événements historiques, sa géographie—illustrée de deux cartes utiles (50–51, 246) pour mieux comprendre les rapports de force. Des milieux présidentiels au petit peuple et aux représentants des ONG et de l’ONU, personne n’échappe aux observations cinglantes de l’incomparable descendante de “la race des Grandes Royales” (14), pas mêmes les services secrets français—surnommés les Grandes Oreilles ou les Grandes Manches— avec lesquels elle collabore. Merci Orsenna, merci Marguerite Bâ, née Dyumasi (Dieu merci)! Auburn University (AL) Samia I. Spencer Pancrazi, Jean-Noël. Indétectable. Paris: Gallimard, 2014. ISBN 978-2-07-014451-8. Pp. 136. 13,90 a. Cet excellent roman décrit le monde des sans-papiers à Paris à travers le regard d’un écrivain parisien, un toubab, qui connaît Haïti et le Mali, où il transporte parfois ses lecteurs au cours du récit, fournissant un précieux éclairage sur les racines de ceux qui vivent dans la terreur de la déportation et de l’humiliation d’un retour au pays en vaincu...

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