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Bordaçarre, Olivier. Dernier désir. Paris: Fayard, 2014. ISBN 978-2-213-66317-3. Pp. 288. 18 a. Éreintés physiquement et psychologiquement par“les sollicitations incessantes de la ville et l’hystérie qui caractérise les rythmes des métropoles”(14), Mina et Jonathan, accompagnés de leur fils Romain, ont quitté la région parisienne où“ils s’étaient agités des années durant comme deux papillons dans un bocal de cornichons” (16). La famille Martin mène ainsi depuis une dizaine d’année une vie tranquille à la campagne sur les bords du canal de Berry, dans le centre de la France. Loin du“rêve publicitaire” et du“monde consumériste assourdissant”(16), Mina et Jonathan tentent de redonner un sens à leur existence et de se construire un quotidien en adéquation avec leurs aspirations, notamment écologiques, tout en élevant leur fils dans le respect de ces convictions. La quiétude de leur existence est brutalement interrompue par l’arrivée dans cette région désertée de Vladimir, un homme au premier abord charmant, qui a la particularité de porter également le nom de Martin. Les intentions plutôt sympathiques du nouvel arrivant deviennent rapidement suspectes et inquiétantes:Vladimir entreprend un véritable travail de sape auprès de Mina en insinuant puis exploitant les doutes qui font vaciller les certitudes de la jeune femme. Les prénoms des personnages principaux, l’anneau de Vladimir portant l’inscription“Vlad”en cyrillique, les insomnies chroniques de celui-ci, la dénomination fictive de la rue Stoker à Bourges où se trouve le magasin d’articles de pêche Dernier désir, font du quatrième roman d’Olivier Bordaçarre une variation du Dracula (1897) de Bram Stoker. Dans le récit tragique aux limites du fantastique,Vladimir vampirise progressivement Jonathan,se transforme physiquement pour lui ressembler, adopte son intérêt pour la musique, achète la même voiture, etc. Cette intertextualité permet surtout à l’auteur d’aborder un thème parfois négligé de l’œuvre de Stoker: le pouvoir de l’argent. Car à l’issue de la transformation de Vladimir, les seules choses qui le différencient de Jonathan sont son compte en banque inépuisable et son inclinaison à assouvir immédiatement ses moindres désirs matériels. Jusqu’à quel point l’argent et l’idéologie capitaliste ont-ils corrompu la vie quotidienne? Quelle place laissent-ils aux autres éléments—l’amour, l’amitié, la famille, les loisirs—qui composent nos vies? Est-il encore possible, et avec quelle sincérité, de contester leur hégémonie? Alors que l’exode urbain se poursuit en France depuis une quarantaine d’années, Bordaçarre fait éclater la vision utopique de la vie simple en harmonie avec la nature loin de la jungle urbaine, de la possibilité de totalement s’extirper de la société de consommation et du cycle de “besoins” qu’elle instille chez chacun de nous, et dont la satisfaction ne cherche qu’à pallier“cette abjecte peur de manquer” (232). Pour Bordaçarre, il est déjà trop tard, et l’auteur saborde méthodiquement, voire avec un certain cynisme comme lors des échanges entre Vladimir et Léonard, le frère “hippie” de Mina, les illusions de ceux qui prétendent vivre autrement. Dernier désir est une fable moderne parfaitement maîtrisée et agréable 246 FRENCH REVIEW 88.3 Reviews 247 à lire. Nous regretterons seulement une narration un peu sèche et des dialogues parfois trop mécaniques. Villanova University (PA) Étienne Achille Bouvatier, Thomas. Un temps pour les caresses. Paris: Fayard, 2014. ISBN 978-2-21368107 -8. Pp. 158. 16 a. Le lien entre le titre prometteur de tendresse et le tableau de Gustav Klimt (Judith et la tête d’Holopherne) qui figure en couverture n’échappera pas au lecteur. Les hommes du récit succomberont-ils, tel Holopherne, à la volupté et à la fourberie féminines? Louise, véritable Judith ensorcelante, provoque un désir irrésistible chez François. Elle va jusqu’à le pousser “à vouloir se tuer” pour qu’il devienne sa chose sous ses caresses d...

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