Romanciers minimalistes, 1979–2003: colloque de Cerisy éd. par Marc Dambre et Bruno Blanckeman (review)

forth much to stimulate the imagination in a field too often misjudged in the postLansonian universe. University of Mary Washington James F. Gaines Dambre, Marc, et Bruno Blanckeman, éd. Romanciers minimalistes, 1979–2003: colloque de Cerisy. Paris: PSN, 2012. ISBN 978-2-87854-550-0. Pp. 351. 26 a. Effet de génération et de convergence esthétique, de mode éditoriale et de réception critique, la tendance littéraire qui émergea à la faveur des premiers romans de Jean Echenoz (1979), Jean-Philippe Toussaint (1985) et Éric Chevillard (1987) aura soulevé, autant que l’épineuse question des désignations—“écrivains impassibles”, “nouvelle école de Minuit”, “nouveaux nouveaux romanciers”—celle d’un éventuel partage thématique et formel. Littérature minimaliste non pas tant par ses moyens (phrases courtes, lexique quotidien), que par sa volonté de traiter sur une clef ludique et désabusée une matière romanesque réduite. Face à des “émotions et d’expériences esthétiques [...] sans filiation fermement identifiable” (8) et sans lien évident avec le minimalisme en architecture, art plastique ou musique, les vingt-cinq participants de cette Décade de Cerisy tenue en 2003 s’accordent sur l’idée qu’autour de Minuit, s’est expérimentée une “nouvelle anthropologie de la modernité” (9) où prédominent la fracture, la suspension, l’indécidabilité et l’inaboutissement. Contrairement à ce que laisserait entendre son sous-titre, 1979–2003, l’ouvrage ne propose pas l’historique d’une mouvance (pas de travail d’archives dans l’édition, par exemple, et peu sur la réception) mais un instantané critique que colorent les jugements sur le vif.Ainsi Faire l’amour de Toussaint (2002) est-il d’abord allègrement détruit par le romancier Philippe Claudel, qui en déplore la “petite fabrique” et les sentiments à l’eau de rose (137), puis redécrit par Blanckeman comme“carte du tendre à l’âge de la mondialisation et de l’ère du virtuel”(148), avant d’être revisité par Aline Mura-Brunel dans une “logique du retour [...] du romanesque”(295). Partout se trouve confirmé le soupçon que le minimalisme français, contrairement à l’art d’un Robert Coover ou d’un Raymond Carver, préfère les célibataires, hommes sur le point de rompre ou divorcés, chercheurs non pas d’or mais de grandes blondes façon Echenoz, ou bien des asexués métamorphiques à la Chevillard. Certains chapitres s’appliquent à justifier telle inclusion : François Bon serait-il minimaliste jusque dans sa minutie quasi perecquienne? Le style télégraphique d’Emmanuèle Bernheim ne mériterait-il pas davantage cette étiquette que la prose d’autres écrivains de Minuit? Ailleurs, ce sont l’ancrage réaliste, le bricolage comme principe de composition ou la fictionnalité autobiographique qu’interrogent les contributeurs.Plus qu’il ne défriche de terrains nouveaux,Romanciers minimalistes poursuit des pistes de réflexion tracées par Fieke Schoots (1997), Blanckeman (2000) et Olivier Bessard-Banquy (2003). À ce titre, sa parution est moins une révélation qu’une confirmation. Les éditeurs reconnaissent d’ailleurs les limites d’une 264 FRENCH REVIEW 88.4 Reviews 265 entreprise qui esquive le dialogue avec les autres arts et où, plutôt que d’exiger une confrontation méthodique des notions, l’on se contente de faire allusion au célèbre dicton de Mies van der Rohe. On finit par se convaincre à la fois de la “faillite conceptuelle du minimalisme”(12) en critique littéraire et de la grande inventivité d’écrivains singuliers dont on connaît désormais les trajectoires ultérieures. Johns Hopkins University (MD) Derek Schilling Dupont, Nathalie, et Éric Trudel, éd. Pratiques et enjeux du détournement dans le discours littéraire des XXe et XXIe siècles. Québec: PU du Québec, 2012. ISBN 9872 -7605-3215-1. Pp. 177. $24 Can. The introduction explains that“détournement”in literature (the everyday meanings are: embezzling funds, hijacking an airplane, or corrupting a minor) refers to verbal analogues of tagging, repurposing, recycling, collage, and bricolage (tinkering). The essays offered here will not be useful for undergraduate courses in French studies, but a few of...