In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviews 251 manière surprenante, le choix esthétique (esthétisant?) d’Au bord du monde a suscité peu de débat. Il contraste pourtant avec le documentaire social (films Iskra par exemple): la caméra est bien fixe, cependant les angles sont très recherchés (beaucoup de contre-plongées), et le matériel de tournage léger n’empêche pas de donner une impression de kit lumière. Les questions du cinéaste font quelquefois obstacle à la voix de ceux qu’il interviewe avec respect. Libération reconnaît que le film, qui provoque une rencontre entre des “intouchables” et un public qui vit dans la lumière, n’est pas fédérateur; personne n’a posé la question du voyeurisme, mais elle est latente. Le spectateur est informé sur un monde marginal qu’il côtoie quotidiennement, mais il reçoit surtout sa dose de belles images. La question est la suivante: ce film“au bord du documentaire”, si beau, si léger, au regard cinématographique avéré, peut-il, sinon résoudre en profondeur un problème endémique tel que la pauvreté,au moins ébranler les esprits? Hamilton College (NY) Martine Guyot-Bender Fazer, Léa, réal. Maestro. Int. Pio Marmaï, Michael Lonsdale, Déborah François. Mandarin, 2014. À l’automne de sa vie, l’illustre réalisateur Cédric Rovère, magistralement interpr été par Michael Lonsdale, entreprend le tournage de l’adaptation d’un roman pastoral du dix-septième siècle.Au gré des castings, il se laisse attendrir par la candeur du jeune Henri Renaud (Pio Marmaï), qu’il choisira finalement pour incarner le premier rôle. Intimiste, poétique et savamment bucolique, la pastorale narre avec tendresse et sensibilité le récit d’une rencontre cocasse entre un cinéaste virtuose de la caméra, maestro des mots et de la langue française, et un acteur qui ne rêve que de superproductions à l’américaine, synonymes pour lui d’argent et de vie luxueuse. À mesure que le tournage avance, le duo antagoniste Rovère-Renaud dépasse les clivages culturels et se lie d’une amitié propice au partage et à la transmission. Tandis que Rovère inculque à l’acteur le goût du texte—notamment lorsqu’il déclame avec majesté et grandiloquence du Verlaine—la délicatesse de l’art de la séduction et la beauté des plaisirs simples, Renaud, quant à lui, apprend à Rovère les subtilités du verlan et de l’argot. Transmission et adaptation également, car le regretté Jocelyn Quirvin avait puisé dans son expérience l’inspiration d’un scénario mettant en scène la rencontre entre Quirvin-acteur et Éric Rohmer lors du tournage des Amours d’Astrée et de Céladon (2007), dernière œuvre du cinéaste. À la suite de l’accident de voiture qui a couté la vie à Quirvin en 2009, la cinéaste suisse Léa Fazer, alors coscénariste, reprend le flambeau et impose sa signature dans cette plongée au cœur des coulisses du tournage d’une production indépendante à la Rovère-Rohmer. Au-delà des aléas rencontrés par les cinéastes fictifs et réels—aléas liés aux contraintes budgétaires et à la volonté de ne jamais tourner en numérique—Fazer démontre que la création filmique repose sur la synergie et la convergence de tous les corps de métier impliqués pendant le tournage et se fend même d’une critique sur le traitement des intermittents du spectacle qui, comme la costumière du film de Rovère, crient leur frustration quant au manque de moyens dont ils sont victimes. Fazer s’octroie également le droit de renverser le rôle de Céladon afin qu’Henri puisse séduire Gloria (Déborah François); une liberté en guise d’ultime hommage à Quirvin puisque ainsi Fazer lui offre une place d’honneur dans l’œuvre de Rovère en l’érigeant une dernière fois au rang de premier rôle. Franklin and Marshall College (PA) Marie-Line Brunet Lang, Robert. New Tunisian Cinema: Allegories of...

pdf

Share