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Reviews 233 fantasque, reflet de son pays réfractaire, princesse des glaces perdue au cœur d’une morne fête d’estaminet. Suivent l’épineuse Dvina puis une fée des grèves à la chevelure de feu.Samuel fait penser tantôt àAldo du Rivage des Syrtes,tantôt àAugustin Meaulnes. L’été amène le dégel, la fin de la léthargie collective et l’espoir d’ouverture du goulag au monde. Comme dans le Quart Livre, “les paroles gelées fondent” mais Lothar et Néva ont détourné Samuel de son enquête. Si en astronomie la ligne des glaces va audel à des astéroïdes et du soleil, pour le jeune homme l’hiver constitue la véritable frontière, comme dans les contes d’Andersen ou les romans du Québec. Toutefois le permafrost cache une terrible ligne, rouge sang celle-là, tracée par les conflits nationalistes et les réalités géopolitiques. Le style de Ruben, dont c’est le troisième roman, se distingue par la splendeur de la langue et le poli de la page, et met en valeur un paysage minimaliste comme un monochrome de Pierre Soulages estompé par les brouillards de Turner. La satire du corps diplomatique, imbu de son importance, est un bijou d’ironie caustique. Quand il n’y a plus de terrae incognitae à explorer, fautil en inventer dans les fata morgana de l’imagination? En ce cas, la littérature sait transgresser et oblitérer les frontières, produits de la vanité des Hommes et des hasards de l’Histoire. University of Wisconsin, Oshkosh Yvette A. Young Trabelsi, Bahaa. Parlez-moi d’amour! Casablanca: Croisée des Chemins, 2014. ISBN 978-9954-1-0456-9. Pp. 122. 15 a. L’amour a été et reste une source d’inspiration intarissable dans la littérature française et francophone, qu’il s’agisse des amours torturées des héros de l’époque romantique ou des aspects protéiformes que ce sentiment peut prendre dans des œuvres plus contemporaines. Le titre de ce recueil de onze nouvelles apparaît comme une supplique de l’auteure qui, dans les trois romans qu’elle a publiés (Une femme tout simplement, 1996; Une vie à trois, 2000; Slim, les femmes, la mort, 2004), n’a cessé d’explorer la question de l’amour, qu’il soit filial, féminin, homosexuel ou hétéronormatif . Chaque nouvelle illustre une vision de l’amour vécu par son narrateur. Trabelsi explore des sujets et des motifs parfois tabous dans la société marocaine, dans laquelle elle publie ses ouvrages. Qu’il s’agisse de décrire une relation tarifée entre un homme et une collégienne plus jeune que sa propre fille cadette, ou l’éveil à une sexualité lesbienne d’une jeune musulmane voilée, Trabelsi n’hésite pas à aborder ces sujets comme faisant partie intégrante du paysage de la société marocaine. Contrairement à ses œuvres précédentes, certaines nouvelles figurant dans ce recueil ont un ton moins subversif et peuvent décevoir par leur conclusion prévisible. Ici, une femme trompée découvre que la maîtresse de son mari n’est autre que sa meilleure amie, et jure de se venger, illustrant ainsi la citation de Nietzsche selon laquelle“la femme n’est pas capable d’amitié: elle ne connaît que l’amour”(38). Là, un adolescent se considère comme un homme depuis qu’il a eu sa première relation sexuelle avec une prostituée. Il n’en reste pas moins que Trabelsi exprime un désir de se jouer des conventions hétéronormatives de la société marocaine. Une fille, au chevet de sa mère mourante, se prend à imaginer une toute autre vie à cette dernière, une vie de femme amoureuse et libre, aux antipodes de ce qu’elle a vécu comme mère et femme mariée. Le tour de force de ce recueil est sans nul doute J’ai besoin d’amour. Défiant les conventions du genre, cette nouvelle à thématique queer explore le désir d’une femme de se comporter...

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