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la lecture une impression de concision et de légèreté qui se maintient tout au long de l’ouvrage et noue un lien de complicité avec le narrateur. On prend plaisir à partager le jeu de Pagès, dont les fragments sont souvent pleins d’humour et toujours intéressants , et qui composent un puzzle se prêtant à divers itinéraires de lecture. L’effet de juxtaposition suggère que notre mémoire est un fouillis hétéroclite, ayant pour contrainte l’oubli, sorte de milieu naturel pour quelques objets-souvenirs flottant en surface. Outre sa qualité littéraire, et le plaisir qu’on prendra à le lire, Souviens-moi ouvre des perspectives d’écriture et peut donner lieu à des jeux pédagogiquement intéressants. On pourrait par exemple demander aux étudiants de prendre des notes sur les sujets les plus divers, puis les initier à l’écriture de phrases complexes. Ils pourraient d’abord s’inspirer de la structure de certains fragments, puis développer des formes plus libres. Chaque fragment constituant son propre petit univers, on pourrait aussi demander aux étudiants de lui donner un titre, puis discuter de la meilleure trouvaille et de la façon dont un titre influence une lecture. Les thèmes abordés (Paris, l’enfance, la condition juive, l’éveil à la sexualité, les rapports familiaux, etc.) autoriseront aussi de fertiles conversations dans des registres très divers, entre culture et littérature. On trouvera d’autres suggestions ludiques sur le blog de l’auteur: . Conifer High School (CO) Christian Roche Quignard, Pascal. Mourir de penser. Paris: Grasset, 2014. ISBN 978-2-24685-203-2 Pp. 240. 18 a. Décrire ou résumer un livre de cet auteur, fiction ou méditation, est un exercice périlleux et d’avance partiel, tant les références y fourmillent, tant s’y effectuent plusieurs choses à la fois. Celui-ci ne déroge pas à cette facture qui vaut à l’auteur sa réputation d’érudit. On y lit des épisodes de la vie de Rachord, roi des Frisons en l’an 700, de David Oistrakh, de Raymond Poincaré, de Marcel Granet, de Gilgamesh, d’Apulée, de Socrate, de Pythagore, de Tchouang-tseu. La réflexion fait appel aux grands textes de la civilisation gréco-romaine: ceux de Parménide, Platon, Thomas d’Aquin, Saint Augustin, et à l’Odyssée d’Homère. Mais, tout en demeurant reconnaissable comme étant le sien, Quignard infléchit le style et la portée de l’œuvre. Mourir de penser s’insère en neuvième volume dans la longue suite dépareillée et chaotique que constitue Dernier royaume, commencé en 2002, mais auquel Vie secrète (1998) sert de centre et de huitième volume. Il présente le même découpage en une trentaine de courts chapitres qui entrent en résonance. Il revisite nombre de thèmes, de préoccupations, d’apories qui traversent les autres volumes pour, comme à chaque fois, les re-lier, les rassembler différemment et comme à neuf. Cependant, le ton est ici plus réflexif, le mélange entre narration et méditation, entre “rêvée” et pensée un peu moins prononcé, la fragmentation moins visible, le discours plus suivi. Si Les 230 FRENCH REVIEW 88.4 Reviews 231 désarçonnés (2012) était le versant le plus politique du cycle,celui-ci est le plus théorique et abstrait. L’auteur s’intéresse à l’opération de pensée elle-même, cherchant à comprendre comment elle se rattache à son univers polarisé entre premier monde de l’avant-naissance et dernier royaume de l’existence terrestre. Mourir de penser est possible, le premier exemple dans la littérature occidentale étant le chien d’Ulysse, Argos, qui a reconnu la voix de son maître. Mourir de penser signifie que la pensée a un contenu, et l’auteur de s’interroger sur le contenant inaccessible qu’il suppose, qui doublerait la relation, dans le monde utérin dont nous gardons l’empreinte, de la mère à l’enfant qui est en elle. Quignard examine aussi le lien entre la pensée et le guet...

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