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une crise à la fois morale, sociale et politique. Avec ce roman bien accueilli par la critique, Daoud a réussi son pari de réaliser l’autre version de L’étranger en multipliant échos et emprunts camusiens dans une œuvre profondément personnelle et algérienne. Montclair State University (NJ) Rabia Redouane Delacourt, Grégoire. On ne voyait que le bonheur. Paris: Lattès, 2014. ISBN 978-27096 -4746-5. Pp. 360. 19 a. Ce récit fort et sombre sur fond de tragédie familiale s’interroge sur la valeur de la vie à notre époque. Expert en assurances, Antoine, la quarantaine, estime depuis des années la vie des autres sans oser questionner la sienne. Lorsqu’il apprend la mort imminente de son père atteint d’un cancer du côlon,Antoine passe en revue son passé douloureux. Enfant, il manque d’amour. La mort de sa jeune sœur Anne, la jumelle d’Anna qui depuis n’a “plus qu’un mot sur deux” (68), provoque le départ de leur mère: “Ma mère nous a laissés là, comme trop de vaisselle dans un évier, de linge dans un panier; elle n’avait plus eu la force” (56). Antoine connaît une “adolescence orpheline” (51) marquée par l’indifférence de son père remarié. Adulte, il rêve de bonheur pour effacer cette double absence, épouse Nathalie et devient père de Léon et Joséphine. La décomposition de son couple et de sa famille, ainsi que sa chute professionnelle, l’entraînent dans une inévitable descente aux enfers: “Quand votre vie privée est foutue, quand votre famille s’est délitée et que votre vie sociale est en train de disparaître, vous savez que vous entrez dans le noir. L’indiscutable. Celui où on ne vous retrouve plus” (237). Antoine s’apprête à commettre l’irréparable mais échoue. La longue lettre qu’il a écrite à Léon relate de façon fragmentée les événements de cette première partie.Alternant entre présent et passé, la trame complexe et parfois déroutante fait le portrait d’un homme tourmenté et désespéré. La deuxième partie se concentre sur l’exil d’Antoine au Mexique où comme un Desconocido—nom de son hôtel—il commence un long processus de guérison. Devenu homme de ménage, Antoine mène une vie simple et humble auprès de gens ordinaires. Le jeune Arginaldo lui offre un nouveau rôle de père et Matilda, sa mère, l’espoir d’un bonheur naissant: “Et je compris qu’en recousant mon cœur elle recousait le sien, et celui de son frère. Matilda voulait nous lier. Nous relier. Nous rendre plus forts” (258). Présentée sous forme de journal intime, la dernière partie donne la parole à Joséphine. On suit “l’odyssée de [la] vie assassinée” (358) de l’adolescente qui cherche à comprendre le geste impardonnable de son père. Sa souffrance et sa colère, miroirs de l’existence douloureuse d’Antoine, s’apaisent au fil des années pour rencontrer le pardon. Antoine, personnage de l’époque, représente l’archétype d’une génération en plein malaise qui se révolte contre une vie dénuée de sens. Delacourt dénonce l’obsession de la performance dans le monde du travail.Il critique également la société contemporaine qui fabrique la solitude, déshumanise l’individu et favorise la montée d’une violence 216 FRENCH REVIEW 88.4 Reviews 217 sourde. Malgré la noirceur du sujet, on retrouve l’élégance et la simplicité d’une écriture: des phrases courtes,syncopées et cinglantes,un vocabulaire accessible,touchant et pourtant percutant. Œuvre lumineuse et intimiste, On ne voyait que le bonheur pose de vraies questions actuelles: transmet-on fatalement ses douleurs et souffrances à sa progéniture? Les mêmes schémas se reproduisent-ils à chaque génération? Quelle valeur donner à sa vie? Siena College (NY) Nathalie Degroult Delalande, Arnaud. Le piège de Lovecraft. Paris: Grasset, 2014. ISBN 978...

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