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Bach qui se déversent en torrents multicolores nous font voir la vie,atteindre l’extrémité du ciel et surtout comprendre ce qu’un moineau pense. Vermeer offrant depuis cinq siècles à notre regard la femme en bleu qui relit une lettre d’amour fait entrevoir un instant de bonheur sublime. Du noir radical des toiles de Soulages jaillit la lumière: étincellement divin s’échappant de l’abysse. Au fil de ses déambulations poétiques découpées en sept courts chapitres, eux-mêmes divisés en fragments de quelques pages, l’auteur célèbre notre passage terrestre, éphémère certes, et immortalisé par l’écriture. L’effondrement de ceux qui l’ont accompagné au cours des années, tels Thérèse de Lisieux, Marilyn Monroe, Kierkegaard, le père tant regretté et la femme tant aimée, se fait alors provisoire. En réalité, le passage ne passe pas. Par l’écriture, les êtres disparus participent à la résurrection éternelle et deviennent sujets d’une quête spirituelle. Bobin questionne inlassablement notre présence au monde, le sens de notre vie à la fois impitoyable dans les souffrances qu’elle inflige et bienfaisante dans son éblouissante splendeur. Dieu existe et n’existe pas. S’il est, quels sont ses motifs? Il n’en a pas. C’est un joueur qui assemble puis sépare, élève puis brise, nous gratifie parfois d’un souffle chaleureux pour bientôt s’échapper dans une indifférence absolue. Que fait Dieu dans l’infini de son espace et de son temps?“Il fait ce que font les moineaux, exactement. Il joue. Il assemble des atomes puis il contemple leur architecture et il passe à autre chose”(112). Ce livre est à savourer lentement, dans le silence, par petites gorgées pour que se répande en vous l’ébriété apaisante de la grande vie. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Bofane, In Koli Jean. Congo Inc. Arles: Actes Sud, 2014. ISBN 978-2-330-03060-5. Pp. 294. 22 a. Depuis la publication de ce roman, son auteur s’est vu décerner par une critique aussi hâtive qu’intarissable le titre trompeur de nouveau gourou africain de la mondialisation . Nombreux sont en effet les épithètes de“premier roman de la mondialisation” essaimés sur la Toile, au mépris d’une lecture attentive de ce qui pourtant apparaît comme une véritable entreprise de dénonciation des dérives du projet mondialiste. Isookanga, un jeune Pygmée épris de technologie et de jeux vidéo, cherche à fuir l’isolement de son village perdu au milieu de la forêt congolaise. Il se met en route vers les délices qu’il se promet d’obtenir une fois parvenu à la capitale. Devant sa fougue juvénile s’opposent alors deux tendances irréconciliables: celle produite par le syndrome du “pygmée idéologique” (20), qui se traduit par l’humiliation de ses semblables à Kinshasa, et celle qui consiste à se laisser fasciner par ses “merveilles” (40). Le choix du jeune homme s’impose de lui-même: Kinshasa lui offre de “vivre l’expérience de la haute technologie et de la mondialisation”(52) tandis que“les esprits retardataires” (17) de son village voudraient l’empêcher d’accomplir le grand saut de la “modernité” (28). Si le jeune héros de ce roman a la vision la plus naïve de la 210 FRENCH REVIEW 88.4 Reviews 211 mondialisation (mot apparaissant à la page 26 sous une de ses formes dérivées: “Je suis un mondialiste qui aspire à devenir mondialisateur”, pour ensuite littéralement inonder le texte), l’auteur, lui, en souligne au contraire tous les effets pervers. Congo Inc. est de ce point de vue un texte sobrement abouti. Il s’attache à déconstruire les mirages de ces“autoroutes de l’information” (28) et du progrès en allant y débusquer les fondements d’un système d’exploitation mercantile. Une myriade de personnages peu recommandables se livre dès lors une guerre sans merci: des politiques locaux véreux aux mercenaires sanguinaires, en passant par les représentant de...

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