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Reviews 209 institution scientifique, qui a trouvé, non pas la clé ou l’origine du phénomène désormais mondial que sont les mutations, mais un schéma explicatif qui les structure et qui leur donne une nouvelle portée écologique. Patrice Blouin a produit une fable sur l’étrangeté quotidienne qui n’est pas sans rappeler certains aspects de La métamorphose (1915) de Franz Kafka, surtout lorsque CG rêve qu’il devient un mutant à son tour et demande à ceux qui ont conservé leur forme humaine: “Qu’est-il advenu pour que je vous devienne à ce point étranger?” (107). Le récit alterne entre une narration à la troisième personne et les témoignages (en italiques) des mutants, apparemment recueillis par CG. Ces témoignages portent sur le passé de chaque individu, ainsi que sur l’évolution du statut des mutants, au fur et à mesure que leur nombre augmente. La fem: ourse, par exemple, décrit les changements de sa relation avec son mari, avant que ne survienne sa propre mutation:“Et cela n’empêcha pas mon mari de se métamorphoser de nouveau, vers la fin des années 90, après sa retraite” (39). Quant à l’hom: grenouille, il annonce que le monstre n’est pas nécessairement celui que l’on croit, puisque “le nombre des mutants devrait dépasser celui des humains d’ici à peine trente ans” et que ce seront ces derniers qui deviendront “de monstrueuses exceptions” (112). D’une lecture rapide et facile, ce court roman (presque une nouvelle) qui aborde des thématiques telles que la différence et le regard d’autrui n’est cependant pas assez original ou profond pour susciter une réflexion durable. Western Washington University Edward Ousselin Bobin, Christian. La grande vie. Paris: Gallimard, 2014. ISBN 978-2-07-014425-9. Pp. 124. 12,90 a. La‘grande vie’est une manière d’être au monde, de se protéger de l’existence agitée et douloureuse en l’allégeant par la poésie, celle de l’émerveillement “d’un rien de lumière sur une montagne d’ombre” (121). Elle se révèle dans la lenteur, aujourd’hui enterrée sous une effervescence tumultueuse et accablante. Quand on prend son temps, on la rencontre dans l’ordinaire du quotidien, celui des feuillages frémissant à la brise, de l’eau bruissant sur les pierres du ruisseau ou du parfum de la fleur du chèvrefeuille. Elle se savoure aussi dans le recueillement de la lecture où les voix de Desbordes-Valmore, Mallarmé, Jünger, ou Ronsard opèrent le miracle d’évincer la dureté de la vie et son absurdité pour laisser place à la luminosité rose et cristalline de la beauté. Que de belles pages Bobin consacre au bonheur de la lecture des poètes dont les chants éclairent, réchauffent et nourrissent comme “les fleurs de l’éternel mises dans notre bouche” (12)! C’est le paradis répandu sur la page, l’éternel dans une phrase. Plus la vie est brutale, plus les livres deviennent indispensables à notre survie. Même fermés ils nous interpellent, nous transportent dans un autre monde et, semblet -il, nous écoutent. La poésie est partout, au détour d’un chemin, à l’écoute d’une composition musicale, à la contemplation d’un tableau. Les variations au piano de Bach qui se déversent en torrents multicolores nous font voir la vie,atteindre l’extrémité du ciel et surtout comprendre ce qu’un moineau pense. Vermeer offrant depuis cinq siècles à notre regard la femme en bleu qui relit une lettre d’amour fait entrevoir un instant de bonheur sublime. Du noir radical des toiles de Soulages jaillit la lumière: étincellement divin s’échappant de l’abysse. Au fil de ses déambulations poétiques découpées en sept courts chapitres, eux-mêmes divisés en fragments de quelques pages, l’auteur célèbre notre passage terrestre, éphémère certes, et immortalisé par l’écriture. L’effondrement de ceux qui l’ont accompagné au cours des années, tels Thérèse de Lisieux, Marilyn Monroe, Kierkegaard, le p...

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