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Verna, Marisa. Le sens du plaisir: des synesthésies proustiennes. Berne: Peter Lang, 2013. ISBN 978-3-0343-1313-1. Pp. 228. $80. Une lecture intégrale des synesthésies proustiennes ne peut se faire qu’après en avoir compris la complexe économie dans la Recherche. Ce livre propose d’en tracer l’origine et le développement. Verna envisage la synesthésie à partir d’un donné intellectuel (désir nécessaire à la vérité littéraire) jusqu’à un vécu corporel (désir charnel désormais connaissant). Elle la définit comme“une configuration plutôt qu’une figure; elle parcourt l’intégralité du texte et atteint parfois son sens véritable des centaines de pages après sa première apparition” (60). Le premier chapitre pose les fondements scientifiques et esthétiques de la synesthésie, tels que Proust avait pu les glaner de l’enseignement de Lachelier, Ravaisson et Séailles.“L’intelligence en procès” évoque la spéculation mécaniste appliquée par Taine à l’imagination sensorielle comme un repoussoir proustien, mais le débat n’est pas poussé plus avant. Le deuxième chapitre présente une lecture du style à l’appui de l’épisode de Doncières (CG): “Le Narrateur théorise ici une écriture des sens: l’œuvre [...] doit ‘rendre’ la matière des souvenirs pour devenir accessible à tous les sens”(59). Nous relevons une erreur dans l’anecdote empruntée à Léon Daudet, qui “racontait cet épisode [...] de [Alphonse] son fils (sic)” (40). Le troisième chapitre poursuit l’examen sensoriel en comblant l’écart synesthésique entre le style littéraire et le désir.Verna y énumère le potentiel de la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, évalués du sens source au sens de destination, et ordonnés du plus bas au plus élevé. La vue,“inapte à la connaissance” et au désir (69), requiert la synthèse d’autres sens; c’est au contraire une certaine porosité qui permet d’appréhender les sons, les odeurs ou le goût. Le quatrième chapitre est assurément original, tout à la curiosité d’étendre la synesthésie à l’onomastique mal élucidée des Noms. Le désir dans l’écriture est discuté à travers plusieurs filtres:“la faim de mots” (l’attente si prégnante, du coucher à Albertine),“la croyance”(annonciatrice des plaisirs),“l’échec”enfin. Dans le cinquième chapitre, cet échec de la Recherche —essentiel à sa création—est atténué par des évocations épiphaniques. Entre les suggestions du plein et du moelleux, du solide et du malléable, la perte et la résurgence résultent en une ultime “Vérité de l’art” (124). En conclusion (s), la marque de l’expérience sensible de Merleau-Ponty est indéniable. Or, Verna l’annonçait en introduction sans qu’il ne soit jamais convié dans ses analyses de cas; ceci procède plutôt d’un impératif d’autorité que du souci critique. En fin d’ouvrage, les occurrences synesthésiques dans l’œuvre (155 entrées, souvent exhaustives) et des tables statistiques, comptant pour un tiers de l’étude, constituent l’attrait du volume. Ce travail, documenté et inédit, revisite la synesthésie chez Proust entre style, mémoire involontaire et plaisir esthétique. Il trouvera sa place parmi les ressources du spécialiste averti ou de l’amateur désireux d’approfondir la relation du réel avec la création artistique. L’examen en est trop concis toutefois pour traiter la question dans son 274 FRENCH REVIEW 89.1 Reviews 275 ampleur. Au final, l’ouvrage procure—si ce n’est sa principale vertu—une émulation critique qui demandera à être continuée. Stony Brook University (NY) Franck Dalmas White, Nicholas. French Divorce Fiction from the Revolution to the First World War. London: Legenda, 2013. ISBN 978-1-907975-47-9. Pp. ix-x +195. $99. Après l’excellent Family in Crisis in Late Nineteenth-Century French Fiction (1999), White aborde la crise familiale sous l’angle inattendu du divorce. Le divorce est pour White un site de tension entre les...

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