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zone interdite. Autre exemple où l’humour ne va pas de soi: “Matthieu traitait Pascal de macaroni pis Pascal l’avait surnommé Face-de-bat ce qui n’arrangeait rien” (207). En somme, Peaux de soie est un polar dont la trame manque d’intérêt et dont le toucher est loin d’être soyeux. California State University, San Marcos Véronique Anover Vitoux, Frédéric. Les désengagés. Paris: Fayard, 2015. ISBN 978-2-213-68242-6. Pp. 283. 20 a. Ce roman débute quelques mois avant les événements de mai 1968 dans le milieu parisien de l’édition, des conversations littéraires et artistiques, des déjeuners arrosés de vins fins. L’histoire nous est contée par un narrateur ironique dont la personnalité, les centres d’intérêts et la fréquentation des intellectuels et journalistes de l’époque en font le double de l’auteur. On évolue dans une sphère feutrée loin du fracas de la capitale. Marie-Thérèse a laissé son vieux mari, notaire dans une sous-préfecture endormie du centre de la France, pour diriger les Éditions de l’Abbaye. La quarantaine encore séduisante, elle vit entre son appartement de l’île Saint-Louis, quartier quelque peu provincial, et son bureau de Saint-Germain des Prés. Pour tromper sa solitude, cette bourgeoise chic n’hésite pas à prendre quelques jeunes amants tout en restant attachée à son mari fort accommodant. Elle rencontre Octave, vingt-deux ans, désinvolte et mélomane, chez un disquaire où ils sont venus acheter leur opéra préféré, lui, Don Giovanni, elle, Le chevalier à la rose dont les thèmes vont s’enchevêtrer à la narration. Octave vient de terminer l’écriture d’un roman, Le quarante-et-unième mouton, qu’on peut soupçonner d’être soporifique mais qui intrigue Marie-Thérèse. Il s’agit d’un jeune héros qui “rêve au lieu de vivre” parce que comme son créateur, il trouve la réalité “banale et moche” (38). Marie-Thérèse le recommande fortement au comité littéraire alors qu’une liaison se développe entre eux. Quant au patron des Éditions de l’Abbaye, le maladroit et plus très jeune Robert, il s’éprend de Sophie, étudiante stagiaire nouvellement recrutée, fille d’un vieil ami enrichi qui l’aidera, espère-t-il, à renflouer ses affaires chancelantes. Mais lorsqu’a lieu la rencontre inévitable entre Octave, le jeune auteur promis à toutes les gloires, et Sophie, cette beauté que l’air du temps a libérée de tous les tabous, leur attirance mutuelle s’avère irrésistible. On imagine la déception puis la résignation de la sage Marie-Thérèse et de l’opportuniste Robert. Celle-là retournera bientôt vivre dans sa province perdue, celuici exploitera le souvenir nostalgique de mai 68 pour le vendre en livres illustrés. C’est ce que ne fait pas l’auteur de ce roman dont le but est d’appréhender l’attitude des “désengagés”, de ceux restés à l’écart des bouleversements de ce printemps-là, non pas parce qu’ils les méprisent mais parce qu’ils craignent leur rapidité et leur brutalité. Ils ont conscience que quelque chose de fondamental s’est brisé à jamais, que “des temps sans mémoire” présideront dorénavant aux rapports humains (230). Dans ces 286 FRENCH REVIEW 89.2 Reviews 287 conditions, le “chef-d’œuvre” d’Octave sorti en mai restera ignoré du public. On retiendra le vivant portrait du monde de l’édition avec ses lieux de prédilection où les personnages de fiction côtoient ceux, célèbres, de la réalité d’alors. Et on retiendra l’originalité de cette histoire émouvante calquée jusqu’à l’homonymie des personnages sur celle imaginée par von Hofmannsthal, le librettiste du Chevalier à la rose. Cet emprunt thématique donne une profondeur aux multiples nuances du thème éternel de l’amour et permet aux non-dits des sentiments de s’exprimer délicatement par...

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