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Sribnai, Judith. Récit et relation de soi au XVIIe siècle. Paris: Garnier, 2013. ISBN 9782 -8124-1401-5. Pp. 607. 59 a. La question “Qui es-tu?”, qui ouvre l’ouvrage, est une interrogation majeure des romans personnels et des textes philosophiques retenus par Sribnai. C’est aussi le point de départ de sa réflexion. L’auteure examine le rôle de la parole et de l’altérité dans l’élaboration de l’identité du sujet, les modalités de représentation de soi qui en découlent (la narration, la fiction, le corps), selon une double approche, littéraire et philosophique. La subjectivité envisagée est celle qui émane du récit de soi et de la relation à autrui, des différentes faces du je, privé ou public, des rapports entre le singulier et le collectif. De là, l’étude minutieuse du “mouvement de va-et-vient de l’homme à son discours” (38), de l’individualisation du discours à l’individualisation du sujet en lui, “du discours personnel au récit de soi et à la subjectivité” (27). Un des intérêts de l’ouvrage est l’originalité d’un corpus qui confronte personnages romanesques et philosophes, autour de textes unis par les mêmes critères formels et thématiques. Il met en lumière des romans méconnus du grand public: La première journée (Viau),l’Histoire comique de Francion (Sorel),Le Gascon extravagant (Claireville), Le page disgrâcié (Tristan l’Hermitte), Les états et empires de la lune et du soleil (Cyrano de Bergerac), L’orphelin infortuné (Préfontaine), La terre australe connue (Foigny), Les aventures... (Dassoucy). Un héros itinérant et savant raconte, médite son expérience du monde, entre fiction et autobiographie. Descartes (le Discours de la méthode, les Méditations métaphysiques), Gassendi (Disquisitio metaphysica), Malebranche (Recherche de la vérité) sont d’autres figures, réelles celles-là, qui livrent leurs pensées, selon une posture proche.L’ensemble,rigoureusement construit,s’organise autour de la notion de“relation”en deux parties:“Parler”et“Se raconter”.Sont ainsi abordés les lieux et les conditions d’énonciation du discours personnel, la fonction du récit de l’histoire et de sa forme dans le cheminement personnel.Philosophes et personnages se rejoignent dans leur quête commune du savoir, dans leur aptitude à s’inventer par le discours et la relation, au double sens d’histoire et de lien avec l’autre, à sélectionner, voire à créer, les éléments constitutifs de leur identité et de leur mémoire parmi ceux légués par la naissance, l’héritage familial ou intellectuel, leur désir de transmettre, non un savoir préétabli,mais le fruit d’une expérience.Cette étude croisée interdisciplinaire enrichit la réflexion sur le sujet,l’écriture personnelle et la connaissance de soi.Le moi se caractérise par sa variété, sa mouvance, son caractère insaisissable, en devenir constant. Le nom change dans les romans au gré des rencontres, les corps se déguisent. L’identité naît de cette absence de fixité. Elle se nourrit de la différence. La question préliminaire trouve sa réponse:“Se dire [...] c’est, forcément, se confronter et confronter celui qui ferait une telle injonction, à la constante conversion ou variation de la réponse”(548). Université de Bretagne Occidentale Agnès Cousson 234 FRENCH REVIEW 89.2 ...

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