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Rolin, Jean. Les événements. Paris: P.O.L., 2015. ISBN 978-2-8180-2175-0. Pp. 194. 15 a. Les événements de Charlie Hebdo survenus en 2015 ne sont rien comparés à ceux qu’on découvre dans ce roman. C’est une France en ruine que les lecteurs parcourent en compagnie d’un imperturbable narrateur qui cède quelquefois la place à un auteur tout aussi impassible. Dès le départ de ce désolant périple, la capitale paraît désertée: il n’y a plus de circulation, de sorte que le narrateur emprunte “le boulevard de Sébastopol, pied au plancher, à contre-sens et sur toute sa longueur” (7). Sur la place du Châtelet, “des militaires en treillis” (7) montent la garde; le lycée Saint-Louis est “éventré”(8). Le long du trajet qui passe par de minuscules villes de province, il s’avère que la guerre civile n’a rien laissé intact: le pays entier est détruit. Ravagé par des milices d’extrême-gauche et d’extrême-droite, et des coupeurs de route“tchétchènes”(24), le territoire baigne dans l’islamisme: les membres du Hezb au nord, les djihadistes de l’AQBRI (Al Qaïda dans les Bouches-du-Rhône islamiques) au sud. Un cessez-le-feu a été signé, la FINUF (Forces d’interposition des Nations unies en France), composée de Finlandais et de Ghanéens, tente de maintenir la paix alors que les atrocités continuent. Le peuple est affamé, des hommes se lancent à la poursuite d’un chien avec “une broche de rôtissoire” (8). Pourtant, les scènes de guerre et de violence sont quasiment absentes, les combats ayant déjà eu lieu et les meurtres commis. Ne restent que des cadavres de curés qui pourrissent en attendant l’arrivée d’“experts mandatés par [...] la Cour pénale internationale”(21). Dépourvu d’intrigue et d’action, le roman est constitué essentiellement de descriptions très détaillées de paysages naturels, de voies de circulation, et de diverses armes utilisées par les uns et les autres. Quant aux trois personnages principaux, on ne sait quasiment rien d’eux, ni au physique, ni au moral, ni même aux liens qui les unissent. Le narrateur est chargé de remettre en personne des médicaments à Brennecke, le chef d’une milice, les Unitaires—“les Zuzus”(47)—qui“s’étaient illustrés en commettant un nombre appréciable de crimes” (47). Brennecke était-il l’ami du narrateur, ou son amant comme le laissaient entendre les rumeurs? La question reste floue.“Admettons que je l’étais”(34), concède ce dernier. L’autre membre du trio, Victoria, est la secrétaire de Brennecke. Était-elle aussi sa maîtresse? Celle du narrateur? Lequel des deux hommes est le géniteur de son enfant? Le doute demeure. Des scènes loufoques et des remarques ironiques et pince-sans-rire parsèment la narration. Le lecteur avisé comprendra que le récit n’est pas à prendre au sérieux car vérité et mensonge s’entremêlent sans qu’on ne sache ni où commence l’une ni où s’arrête l’autre. Le fils que Victoria a eu avec l’un des deux hommes, et que le narrateur essaie de l’aider à retrouver, existe-t-il vraiment? Si elle finit par admettre n’avoir jamais eu d’enfant, d’autres prétendent avoir vu le jeune homme de la photo. Les événements ressemble à ce garçon: certains y verront une fiction, d’autres la caricature d’une triste réalité. Auburn University (AL) Samia I. Spencer 280 FRENCH REVIEW 89.2 ...

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