In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

à la tragédie moralisante de la Renaissance, la dramaturgie de Corneille et de Racine suscite un plaisir tragique qui trouve sa source en la haine de soi. La “haine littéraire” (127) telle que la conçoit Rousseau fait l’objet de la troisième partie du livre de Miernowski, qui voit dans la critique du Misanthrope de Molière et les dialogues de Rousseau juge de Jean-Jacques les étapes d’une forme de misologie inhérente à la modernité littéraire. De cette manière, Rousseau ouvre la voie à des auteurs comme Baudelaire ou Céline, auxquels Miernowski consacre la quatrième partie de son texte. L’ouvrage se referme sur une étude de la littérature misologique contemporaine, telle que l’illustrent des écrivains comme Catherine Cusset ou Réjean Ducharme, chez qui la haine fait l’objet d’une objectivation esthétique. La beauté de la haine offre à ses lecteurs un parcours aussi passionnant que complexe à travers les œuvres et les siècles. Cet ouvrage affirme aussi la valeur de la littérature, qui nous permet de comprendre la haine et ses mécanismes au moment même où elle devient moteur du discours. University of Maryland, College Park Hervé-Thomas Campangne Migraine-George, Thérèse. From Francophonie to World Literature in French: Ethics, Poetics, and Politics. Lincoln: UP of Nebraska, 2013. ISBN 978-0-8032-4636-2. Pp. 296. $50. Ce livre est annoncé en couverture comme “one of the first books to study the movement away from the term Francophone to world literature in French”. Il tient cette promesse, dans une succession d’essais informés et convaincants. Le livre commence par un important chapitre introductif, “Francophonie and Littératuremonde , Friends or Foes?”, qui s’ancre dans le désormais célèbre manifeste “Pour une littérature-monde en français” de 2007. L’introduction offre une excellente recension des échos d’un texte qui annonçait avec grandiloquence la“fin de la Francophonie. Et naissance d’une littérature-monde en français”. La position de l’auteur est nuancée: reconnaissant la pertinence des critiques, Migraine-George embrasse néanmoins le terme de littérature-monde/world literature in French comme montrant la voie d’écritures potentiellement libérées de certaines catégories.Au constat du vacillement de la Francophonie se substitue des discours relayés par des auteurs plus“autonomes”, qu’ils soient signataires ou non du fameux manifeste. Au-delà des labels, ce qui rassemble les textes présentés par Migraine-George sous la rubrique de cette nouvelle littérature est une conception de la fiction non seulement “as a borderless or wordly practice” (x), mais surtout, comme pratique éthique, et novatrice d’une forme de dissidence francophone. Suit un ensemble de cinq excellentes études individuelles qui mettent bien en valeur les textes récents d’écrivains connus. Chaque chapitre examine les différentes modalités par lesquelles l’écriture établit un rapport poétique, éthique et politique au monde postcolonial, tout en manifestant une certaine réticence par rapport aux grilles de la Francophonie traditionnelle. Ainsi, les chapitres “Writing as 224 FRENCH REVIEW 89.2 Reviews 225 Mimicry” (Tierno Monenembo), “Writing as Desire” (Nina Bouraoui), “Writing as Otherness”(Marie NDiaye),“Writing as Explosion”(Maryse Condé) et“Writing as Remembering”(Lyonel Trouillot) illustrent la thèse du livre selon laquelle cette nouvelle littérature “challenges the ideological and institutional tenets of Francophonie, [and] constitutes a significant pretext for probing not only the fictions of identity but also the ethical challenges created by a cosmopolitan world in which local identities are being questioned” (x). Bien que tous les chapitres dénotent d’une érudition impressionnante et d’un travail critique toujours distingué, certains brillent davantage que d’autres. J’ai particulièrement apprécié celui sur Monenembo, extraordinaire écrivain guinéen souvent ignoré de la critique, auquel les lectures de MigraineGeorge —notamment sur Le roi du Sahel (2010)—rendent brillamment justice; de même, le chapitre sur Trouillot fait bien ressortir l’originalité créatrice de l’auteur, en particulier dans son roman, L’amour avant que j’oublie (2007). Pour l’exposition des débats qui taraudent...

pdf

Share