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Reviews 209 Rihanna à tue-tête avant de s’endormir paisiblement dans un seul et même lit. Les gros plans s’attardant sur les visages et les corps entrelacés des filles assoupies trahissent quelque peu le regard exotique de Sciamma et évoquent un certain orientalisme, mais servent aussi à accentuer la vulnérabilité de ces adolescentes en mal de vivre. Bande de filles n’est pas une critique sociale portée sur la délinquance chez les jeunes filles, mais un parcours initiatique hautement esthétisé dans un espace où seul le groupe semble favoriser le passage à l’acte émancipatoire. DePauw University (IN) Cheira Belguellaoui Literary History and Criticism edited by Marion Geiger Bédia, Jean-Fernand. Ahmadou Kourouma, romancier de la politique africaine de la France: un écrivain et critique engagé en situation postcoloniale. Paris: L’Harmattan, 2014. ISBN 978-2-343-02602-2. Pp. 206. 21 a. Cette étude de l’œuvre de Kourouma (1927–2003) a pour objectif de souligner le “message politique en dehors duquel toute compréhension de la production romanesque de cet ancien prisonnier politique sous le régime d’Houphouët-Boigny reste gravement limitée” (131). Selon Bédia, c’est à travers le prisme de la “Françafrique” (terme dont la paternité reviendrait à l’ancien président ivoirien) que l’on peut cerner l’indispensable message politique de l’auteur de En attendant le vote des bêtes sauvages (1998): “S’il y a donc un thème politique récurrent dans l’œuvre d’Ahmadou Kourouma, mais paradoxalement peu développée par la critique, c’est bien la France”(45). Ce message primordial du romancier ivoirien, une dénonciation acerbe du rôle géopolitique— aux effets uniformément néfastes et destructeurs—joué de longue date par la France sur le continent africain, aurait été en partie occulté par une“certaine critique, relai de la pensée dominante”, qui continue de véhiculer une vision stéréotypée de l’histoire et des cultures africaines, “sous prétexte d’études africanistes ou francophones” (51). Tout au long de ce qui ressemble davantage à un réquisitoire qu’à une œuvre de critique littéraire, Bédia revient inlassablement sur la politique africaine de la France en général, et sur l’ingérence française dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire en particulier.À la lecture de ce livre,il ne fait guère de doute qui porte“la responsabilité historique de l’échec de la démocratie, après la prétendue décolonisation” (145–46). Bédia fait fréquemment référence à la série de crises politico-militaires qu’a subie depuis 2002 la Côte d’Ivoire, et dont la plus récente, celle de 2010–11, a abouti à l’arrestation de l’ex-président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011 (Gbagbo est d’ailleurs cité en tant qu’historien [18–19]). Pour Bédia, l’implication militaire (la “Force Licorne”) de la France dans ces conflits constitue une nouvelle preuve qu’en Côte d’Ivoire et ailleurs,“l’expérience de l’indépendance se confond avec une souveraineté sous surveillance de l’armée française, témoin volontairement passif devant certains crimes d’État” (185). Dans bien des cas, on ne peut qu’approuver Bédia lorsqu’il dénonce le néocolonialisme inhérent aux nombreuses interventions de la France dans ce qui depuis longtemps ne devrait plus être son “pré carré” africain. Cependant, la diatribe de l’auteur risque de dérouter ceux qui liront ce livre dans le but de mieux connaître l’œuvre de Kourouma. Cette œuvre, comme bien d’autres, mérite certainement une analyse politique, mais celle de Bédia s’avère bien réductrice. Par ailleurs, son livre n’est guère avantagé par des répétitions inopinées, comme le commentaire d’une citation de Hannah Arendt (75; 148–49), par un jargon souvent pompeux (“une positionnalité idéologique abhorrant les discursivités déconstructionnistes ” [44]), et par plusieurs coquilles:“une close morale”(10),“chef de fil”(29), etc. Mieux vaut relire directement...

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