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purgatoire, c’est lorsqu’on commence à accepter le réel: “[I]l avait conscience du mensonge des bons sentiments, de leur limite du moins” (64). C’est aussi le passage qu’effectueYvan tout au long du livre,comme lorsque sa mère juive a passé clandestinement les Pyrénees, sous Franco. Il la rejoint dans cette démarche:“Dans la conviction que l’attendait une autre vie plus vraie Où? Quand? Au-delà de quelles montagnes?” (121) L’auteur démontre un grand savoir-faire par son style et dans l’agencement du texte, avec cependant une difficulté: pourquoi le narrateur omniscient qui contrôle le récit est-il représenté à deux reprises (44, 88) par un“nous, voisins devenus camarades” (44) dont on ne sait rien? Cependant, sous-jacente au thème du réel, ce texte pose très bien la question du rapport entre littérature, poésie et réalité. De plus, le parcours d’Yvan, d’abord empétré dans une vision nombriliste du réel (et où le lecteur craint parfois de s’empétrer lui-même), pour finalement s’en libérer, pourrait bien résonner chez nos étudiants pour, si besoin est, les aider à se réconcilier avec la notion même de littérature. Conifer High School (CO) Christian Roche Bachi, Salim. Le consul. Paris: Gallimard, 2015. ISBN 978-2-07-014788-5. Pp. 178. 17,50 a. Pour l’Histoire, Aristides de Sousa Mendes est le “consul” du Portugal en France en poste à Bordeaux. Nous sommes en 1940 durant les heures les plus sombres de la débâcle française face à l’offensive nazie. Cet homme, issu d’une famille de la vieille aristocratie portugaise aux amours royalistes,fervent catholique aux idéaux humanistes, sauvera des milliers de personnes d’une mort certaine. On parlera de 30 000 réfugiés. Juifs, antifascistes, membres de gouvernements défaits exilés en France, artistes, intellectuels, ou banquiers; tous veulent fuir la menace allemande qui se fait de plus en plus pressante. Avec femmes et enfants, ils vont faire le siège du consulat portugais à Bordeaux, instruits du fait qu’Aristides de Sousa délivre des visas pour un Portugal signataire d’un pacte de neutralité à l’égard d’Hitler et des Alliés. Or ce même Aristides devait pour cela désobéir à la “circulaire n°14” (21) qui “restreignait interdisait proscrivait la délivrance de visas aux étrangers à la nationalité indéfinie”(27) émise par un“Salazar lui-même [qui] s’était proclamé le Führer du Portugal”(31). Salim Bachi, à l’instar de son précédent roman sur Camus, Le dernier été d’un jeune homme (2013), a opté pour un récit à la première personne. Aristides de Sousa est à présent vieux, affaibli par la maladie, et c’est depuis son lit d’hôpital qu’en 1954 il entreprend de raconter la décision qui allait changer le cours de sa vie: “J’ai désobéi devant Dieu et les hommes” (15). Celle-ci lui vaudra un procès disciplinaire, une rétrogradation professionnelle et la mort dans la misère et l’anonymat les plus complets. Son récit, aux allures de confession testamentaire, s’adresse non pas à une quelconque autorité politique pour lui réclamer réparation, mais à sa seconde femme, Andrée Cibial, 258 FRENCH REVIEW 89.2 Reviews 259 épousée après la mort de la première, mais dont la liaison adultérine remonte à son arrivée à Bordeaux car “j’avais besoin de plus de tendresse” (53). À la différence de sa femme “Angelina [qui] avait des cheveux blancs” (48),“tu étais là, encore jeune, vive, enjouée, amoureuse” (53). De cette liaison qui relèguera son épouse au rôle d’une compagne “dévouée” (53), Aristides concevra le remords de celui qui a “trahi ma femme, ma famille, mes enfants [...] ce code fait d’obéissance au Seigneur Jésus-Christ” (76). Mais cette double désobéissance, “au lien sacré du mariage” (76) et à son gouvernement (car “Salazar, je le haïssais comme on peut haïr la m...

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