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Fontaine, Brigitte. Les hommes préfèrent les hommes. Paris: Flammarion, 2014. ISBN 978-2-0812-5488-6. Pp. 142. 17 a. L’auteur nous raconte des histoires dans ce recueil de seize récits poético-érotiques. À travers des textes parfois inégaux, mais toujours surprenants, Fontaine relate pêlem êle une cavale de mauvais garçons en route vers la Laponie, une circoncision sensuelle, l’histoire d’Aladin aux prises avec les quarante amants de sa femme et une galerie de personnages féminins fantasques et parfois désespérés. Les protagonistes de ces textes ont en commun une prédisposition pour les situations les plus extravagantes doublées d’un hédonisme débridé. Le ton de l’ouvrage est donné d’entrée avec l’histoire éponyme qui est aussi la plus longue et la plus aboutie du recueil. Elle raconte un polar homosexuel déjanté entre Paris et l’arctique. Nous y croisons un couple de malfrats à la gâchette facile: HesterViandox, né d’une vierge, et son amant le bel Angelo Spontex au“torse gracile et délicatement musclé”(17).Deux hommes qui s’émerveillent du spectacle de leur masculinité et jouissent de concert à la moindre opportunité, dans des étreintes voluptueuses et passionnées. Leurs coïts répétés sont prétextes à une prose extatique et humoristique qui oscille sans cesse entre métaphores poétiques et trivialité, comme l’illustre la description de leur première nuit d’amour:“Ils enchantèrent leurs œillets sombres et leurs prostates” (13). L’écriture de Fontaine est toute dévouée à ce mouvement des extrêmes qu’elle maîtrise avec beaucoup d’efficacité. Résolument moderne, elle utilise à dessein des expressions populaires pour souligner la colère de ses personnages qui ont “le seum” (30) et “sont vénères”, tout en rêvant, tels des héros romantiques, aux “navires luisants et aux voiles rouillées” (27). L’auteur (sans “e” précise-t-elle [79]) nous invite à un jeu littéraire érudit, entre écriture automatique et coq-à-l’âne virtuose. Elle cite Proust, mentionne Madame d’Aulnoy, détourne Aragon, se pare des habits de conteuses de Shéhérazade et conclut son ouvrage par des alexandrins pour décrire la romance improbable entre une souris lascive et un jeune homme méticuleux. Si elle n’oublie pas les tourments de la condition humaine comme le mal de dents, le suicide, le viol et la folie, elle refuse obstinément, en esthète du plaisir, de s’abandonner au cynisme et à la tristesse.L’intensité poétique de ses textes témoigne d’une croyance dans les qualités transcendantes et rédemptrices de la littérature. Elle oppose ainsi au cycle des destructions, des malheurs et des flétrissures en tout genre une alternative inspirée et opportuniste.Car,note-t-elle,“la danse est mieux que la vengeance” (81). Ainsi la première et la dernière histoire de ce recueil se terminent, comme un pied de nez aux mauvais scénarios hollywoodiens,par le mantra bilingue d’une“heureuse fin” (40) et d’un“happy end”(142). Brigitte Fontaine invite dans ses histoires à partager son ivresse amoureuse,son ardeur de vivre et de jouir.Elle répond avec passion à l’injonction existentielle baudelairienne et s’enivre de toutes choses:des douches à l’eau de rose comme de “brique de myrtilles écrasées avec des mouches cantharide” (115). Elle enchante ses personnages et ses lecteurs dans un ouvrage rare en forme de bijou baroque et précieux. University of Hawaii, Ma -noa Louis Bousquet 262 FRENCH REVIEW 89.3 ...

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