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hypocrisie sur un fond stylistique qui aiguise chez le lecteur le désir de s’accrocher. La fin de ce récit effréné prend au dépourvu, la réconciliation entre Appolinaire et l’exami Joseph, usurpateur de Rose, apaise le lecteur. L’écriture fluide et accueillante de ce roman le rend plus accessible au lecteur moyen. La légende de l’assassin est donc un roman à lire, mais sous un regard à la fois méfiant et enthousiaste. State University of New York, Geneseo Kodjo Adabra Alexakis,Vassilis. La clarinette. Paris: Seuil, 2015. ISBN 978-2-02-116769-6. Pp. 351. 21 a. Le titre de ce roman fait écho au constat dépité du narrateur: “[J]e m’étais rendu compte, soudainement pourrais-je dire, que j’avais oublié le mot clarinette [...] je l’avais oublié dans les deux langues”(18). Les lecteurs assidus d’Alexakis sont habitués à ce narrateur qui ressemble à l’auteur: un auteur grec qui écrit “tantôt en grec tantôt en français” (22), se traduit d’une langue à l’autre et livre sans détour les rouages de sa création littéraire: “Est-ce que La clarinette est réellement un bon titre? Je n’ai pas encore pris la décision de le retenir” (90). Alexakis revendique le droit de déguiser le vrai et d’intituler ses textes “romans”, “pour la bonne raison”, explique-t-il, “que je mens tout le temps, comme dans la vie” (48). Pourtant, ce quatorzième roman, bouleversant, relate des événements bien réels: la mort prématurée d’un ami—qui reste anonyme mais dont on sait qu’il s’agit de Jean-Marc Roberts, l’éditeur d’Alexakis, disparu en 2013 des suites d’un cancer—sur fond de crise grecque et d’une remise en cause par le narrateur de son attachement à la France. Au fil des pages, la maladie rogne l’énergie de son plus cher ami tout comme la dette ronge le pays tant aimé: “[L]es deux drames, le tien et celui de la Grèce, ne faisaient qu’un dans mon esprit: ta chambre à l’hôpital Saint-Joseph était une cellule de prison où on avait enfermé mon pays pour cause de dettes” (253). Dans ce texte, commencé en grec mais finalement rédigé en français, le “tu” domine: “[J]’avais besoin de te parler et [...] il était absurde de m’adresser à toi dans une langue que tu ne pouvais comprendre”(24). Le narrateur crée une conversation imaginaire où il tient son ami informé de l’avancement de son roman et relate l’évolution inexorable de la maladie. Ce faisant, il fait un portrait émouvant et critique de la Grèce mais aussi de son pays adoptif qu’il envisage de quitter puisqu’il a déjà en tête le“périple d’adieu”(227) qu’il effectuerait pour prendre congé de Paris. À cette trame narrative intime et mélancolique, dont le but semble de fixer le souvenir de l’ami disparu pour lutter contre les défaillances de la mémoire et ne pas lui réserver le même sort qu’au mot“clarinette”, s’ajoutent des thèmes classiques du romanesque alexakien: identité, double appartenance, écriture, langues, amour ou encore sort des moins bien nantis, particulièrement les SDF et les immigrés clandestins en Grèce. Ce livre-hommage chargé de dérision et d’indignation, armes de choix de l’écrivain, dénonce, entre autres choses, “l’opprobre international [qui] tend à 252 FRENCH REVIEW 89.3 Reviews 253 persuader mes compatriotes qu’ils ont bien mérité les mesures d’austérité” (201). Auteur contemporain incontournable aussi bien en français qu’en grec, lauréat du prix Médicis en 1995 et du Grand prix roman de l’académie française en 2007,Alexakis nous offre ici un texte sur la perte—celle de l’ami, celle du pays—chargé de maturité, d’émotion, de rires et de larmes. La clarinette a été récompensé par le prix François Billetdoux et le prix Casanova. Furman University (SC) Marianne Bessy Anders, Laure. Animale...

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