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seconde partie du livre mesure l’influence de Ruskin, particulièrement dans le lien que ce dernier établit entre les paysages et les monuments architecturaux, qu’il voit comme des traces d’êtres humains inscrites dans le paysage. Pourtant Proust se détache de l’“idolâtrie” qu’il perçoit chez Ruskin et tente de trouver sa propre esthétique. La Recherche est au centre de la troisième partie du livre. L’auteur montre comment les utilisations du paysage se diversifient, incluant par exemple Venise ou Paris en pleine guerre. Le paysage se fait parfois panoramique, mais aussi dynamique, notamment par le biais du voyage automobile. Il y a aussi un renforcement de la relation entre le personnage et son milieu, ainsi que du rôle de la peinture de paysages. Selon l’auteur, en mettant le narrateur au défi de trouver les mots et la syntaxe capables de dire la relation qui l’unit à un “pays” particulier, le paysage lui ouvre la voie vers sa vocation d’écrivain. L’analyse de Tsumori est remarquable par l’érudition qui s’y manifeste, dont témoignent la variété des documents examinés, les nombreuses citations et l’impressionnante bibliographie. On se demande cependant si l’approche strictement chronologique était vraiment la meilleure, son inconvénient majeur étant que l’accumulation des détails rend parfois l’argument difficile à suivre. En contrepartie, la présentation chronologique a l’avantage de révéler les tâtonnements et les hésitations de Proust à la recherche de son esthétique. Ripon College (WI) Dominique Poncelet Vernisse, Caroline. L’illustration de l’œuvre de Crébillon fils (XVIIIe –XXe siècles): constitution d’une topique picturale? Paris: Champion, 2015. ISBN 978-2-74532720 -8. Pp. 525. 105 a. Vernisse nous convie à une lecture des ouvrages libertins de Crébillon mise en juxtaposition avec les illustrations qui accompagnent les éditions de ses œuvres depuis le dix-huitième siècle jusqu’en 1973.Son projet,sollicitant divers modes d’interprétation, interroge le passage du textuel au pictural et se déploie dans l’étude diachronique des vignettes dans une optique de la réception des textes afin de démontrer l’émergence d’une topique de l’illustration propre aux ouvrages de Crébillon. Une telle étude interdisciplinaire exigerait des compétences multiples en histoire du livre et de l’art ainsi qu’une bonne connaissance de la réception des ouvrages libertins depuis le dixhuiti ème siècle mais l’ampleur du projet nuit à son exécution, de même que des défauts de méthode déparent une enquête originale et novatrice. L’auteure a ajouté en annexes des outils de recherches bien conçus qui intéresseront les lecteurs: fiches biographiques des dessinateurs et graveurs, tableaux récapitulatifs des éditions, sources des illustrations et des adaptations théâtrales. Après une introduction dans laquelle Vernisse pose les fondations théoriques de son projet qui porte sur un corpus de 441 vignettes issues de 51 éditions entre 1735 et 1973, elle ne retient qu’une seule définition de l’illustration entendue comme “transposition du texte littéraire” (16), convaincue 212 FRENCH REVIEW 90.1 Reviews 213 que “l’illustration, en tant que réception artistique, est [...] à la fois un révélateur de l’œuvre, de la mentalité de ses lecteurs, mais aussi de l’art pictural et de son évolution à travers le temps” (52). Prenant appui sur les travaux de Philip Stewart et de Christophe Martin, elle détaille les divers modes de transposition du texte à l’image— le comique, l’érotisme merveilleux pour les contes, la galanterie mondaine pour les romans—pour en dégager une topique picturale. En outre, Vernisse développe les réflexions théoriques de Diderot du ‘tableau’ pour explorer de manière analogique la richesse spéculaire du thème de la théâtralité: l’illustration en tant que mise en scène de scènes mondaines érigées en spectacle par un spectateur. On retiendra surtout de cette analyse la partie consacrée à la ‘réflexivité’, qui examine l’insertion d’une figure ou d’un objet voyeur...

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