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Sansal, Boualem. 2084: la fin du monde. Paris: Gallimard, 2015. ISBN 978-2-07014993 -3 Pp. 274. 19,50 a. Ce récit se situe en Abistan, un univers totalitaire qui rappelle précisément celui de George Orwell. Un siècle après 1984, le lecteur se retrouve dans un empire religieux dirigé par Abi le père, un Big Brother prophète, délégué de Yölah, un obscur dieu dictateur, affreux et méchant. Ce monde terrifiant a fondé son pouvoir sur l’ignorance, le fanatisme et la soumission totale à Yölah, ainsi que sur une amnésie générale et programmée transformant les êtres humains en un troupeau de moutons: “Quel meilleur moyen que l’espoir et le merveilleux pour enchaîner les peuples à leurs croyances car qui croit a peur et qui a peur croit aveuglément” (28). Dans ce meilleur des pires-mondes, le doute cartésien a été banni, et Abi maintient le peuple dans la peur et l’obéissance totales grâce à son système de surveillance des pensées. La vie se résume à lire le livre saint Gkabul, obéir aveuglément, prier dans le zèle neuf fois par jour, dénoncer les mauvais croyants qui osent rêver et assister à des exécutions arbitraires. En exergue de son récit, Sansal met en garde ses lecteurs:“La religion peut faire aimer Dieu, mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité” (9). À travers Ati, son personnage principal, l’auteur fait le récit d’un voyage au bout du cauchemar dans les ténèbres islamistes. Atteint de tuberculose, Ati est envoyé dans un sanatorium pour soigner sa maladie et fait la rencontre de Nas, un ethnologue. Il en sortira, certes guéri physiquement, mais aussi accablé de doute. C’est également à l’occasion de ce séjour médical qu’il entend parler des Renégats, un peuple vivant dans des ghettos, à la frontière de l’Abistan. Un jour,Ati et son ami Koa décident de visiter ces lieux du diable, où les femmes dévoilées se déplacent librement et parlent aux hommes. En poursuivant leur voyage ils rencontrent Toz, un personnage ambigu, qui va leur montrer la face caché du totalitarisme: les maîtres prêchant la pauvreté, l’honnêteté et la dévotion ne sont que des khalifes hypocrites qui vivent dans le luxe et la luxure. Blasé, Toz leur fait visiter son musée et explique que l’Abistan s’est construit sur la fraude à partir de piètres oxymores et de slogans vides:“La guerre c’est la paix”, “La liberté c’est l’esclavage”, “L’ignorance c’est la force” (260). Y sont ajoutés trois principes de leur cru: “La mort c’est la vie”, “Le mensonge c’est la vérité” et “La logique c’est l’absurde [...] C’est ça l’Abistan, une vraie folie” (260). Sansal stigmatise de manière transparente l’islamisme, de Daesh à Boko Haram, du wahabisme saoudien aux mollahs iraniens.Son roman constitue une sévère mise en garde contre le politiquement correct occidental qui accuse d’islamophobie toute critique des islamistes. Très bien écrit, controversé, en lice pour plusieurs prix littéraires dont le Goncourt 2015, 2084 a reçu le Grand Prix du roman de l’Académie française. University of Wisconsin, Stevens Point Alek Baylee Toumi 250 FRENCH REVIEW 90.1 ...

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