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Reviews 219 Candar, Gilles, et Vincent Duclert. Jean Jaurès. Paris: Fayard, 2014. ISBN 978-2213 -63336-7. Pp. 686. 27 a. L’assassinat de Jaurès, le 31 juillet 1914, alors qu’il tentait encore d’éviter le désastre guerrier qui s’annonçait, a figé l’image historique du grand tribun socialiste, en a fait un martyr de la paix, une figure consensuelle et quasi mythique, une sorte de Mahatma Gandhi ou Martin Luther King français. Cette image n’a guère favorisé la compréhension des ses diverses luttes politiques:“Au brouillard d’émotion entourant sa mémoire s’est surajouté un halo de méconnaissance”(39). Le livre de Candar et Duclert a pour but de restituer dans sa complexité l’agrégé de philosophie, l’enseignant, l’auteur, le directeur de journal (L’Humanité), l’orateur infatigable, le député influent (mais qui ne fut jamais ministre), le dirigeant de la SFIO. Comme le rappellent les auteurs, Jaurès, loin d’être un doux rêveur pacifiste, s’intéressait de près aux questions de défense nationale, ainsi que l’atteste un de ses livres, L’armée nouvelle (1911), qui fut à l’origine une proposition de loi dans laquelle il préconisait“une préparation soutenue à l’effort de guerre” (431). L’image d’Épinal d’un Jaurès antimilitariste ne correspond donc nullement à la réalité d’un auteur et législateur qui s’inspirait de l’organisation des réserves en Suisse comme de la levée en masse révolutionnaire. Cela n’empêcha pas Jaurès de s’opposer en 1913 à la “loi des trois ans” qui visait clairement à préparer la France à une nouvelle guerre contre l’Allemagne, mais qui était “à l’exact opposé des réformes profondes”(423) qu’il avait proposées dans son livre. En dehors des questions de défense nationale, cet ouvrage biographique retrace dans le détail l’itinéraire politique du député de Carmaux,qui fut républicain avant d’être socialiste.Les analyses de ses combats politiques successifs sont bien situées dans le contexte des crises et des débats de la Belle Époque: le boulangisme, la grève des mineurs de Carmaux, l’affaire Dreyfus, la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), et le colonialisme. Dans tous les cas, sont privilégiées les évolutions, la profondeur et parfois les contradictions de la pensée politique de Jaurès, qui s’appuyait sur de solides principes éthiques mais qui était tout le contraire d’un doctrinaire (ce qui fait qu’avec la distance historique il est malheureusement devenu un peu trop facile de se réclamer du jaurésisme, comme d’ailleurs du gaullisme). D’une densité critique remarquable, l’ouvrage de Candar et Duclert sera d’une grande utilité aux chercheurs, qui y trouveront par exemple une abondante bibliographie organisée par catégories. Les deux derniers chapitres, sur la place importante que Jaurès continue d’occuper dans la vie politique et culturelle de la France depuis sa mort, sont particulièrement instructifs. Western Washington University Edward Ousselin ...

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