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Indiens dans les réserves qui“fondent,[...] s’éteignent,[...] se cachent,[...] s’évanouissent [...] Puis disparaissent” (154). En couverture, le beau portrait de Zitkala-Sa (1898) la montre pensive, scrutant un futur incertain; le texte de Vuillard nous invite lui aussi et tout aussi sûrement à la réflexion. Earlham College (IN), emerita Annie Bandy Weil, Sylvie. Selfies. Paris: Buchet-Chastel, 2015. ISBN 978-2-283-02879-7. Pp. 149. 13 a. L’auteure sacrifie-t-elle au phénomène des selfies,cette obsession à diffuser sa propre image, qui envahit les réseaux sociaux? Dans ce livre, il s’agit, bien sûr, d’autoportraits scripturaux indépendants les uns des autres qui se coalisent pour constituer une autobiographie. L’originalité de l’ouvrage, qui explique son titre, vient de ce que l’inspiration de chacun des autoportraits dérive d’une image: soit d’un autoportrait de femme réalisé par une artiste-peintre à travers lequel l’auteur s’identifie, soit d’une photo prise par elle-même qui saisit un moment important de sa vie. Comme le selfie de l’ère numérique, chaque autoportrait littéraire est exécuté selon une mise en scène précise au long de son parcours. L’écriture autobiographique prend donc une tournure insolite,elle se dissémine en angles de vue multiples—selon la pose,l’action,l’atmosphère, l’époque, le lieu—pour capter l’individu dans la diversité de ses expériences. Bien que toute linéarité discursive et temporelle soit évacuée, les quatorze‘selfies’réunis dans ce volume réussissent à composer une vision cohérente de l’auteur. En usant du subterfuge de l’art graphique et plastique, Weil procède par jeu d’ombre et de lumière pour révéler des moments intimes de sa vie, tour à tour heureux et douloureux, drôles et fastidieux, émouvants ou peu exaltants, racontés tantôt avec un humour subtil, tantôt avec une candeur poignante. Les autoportraits ‘à l’orgue’, ‘en lettre majuscule’ et ‘à la carte postale’ esquissent chacun en quelques pages une scène particulière, condensée, qui éclaire la personnalité de l’écrivaine en tant que musicienne, écolière-gymnaste et amoureuse crédule. Les autoportraits qui s’attachent à l’évocation de la mère, à la vie du fils aux États-Unis, à un chien dont le comportement suggère un passé familial tragique donnent une vision plus élargie de son contexte existentiel. L’autobiographe soulève peu à peu ses voiles. Puis survient ‘Stabat Mater’, l’autoportrait le plus bouleversant de l’auteur en mère douloureuse, déchirée, suppliciée même, au chevet de son fils unique, évoqué auparavant quand il était un enfant affectueux et heureux de vivre. Devenu jeune homme, il a soudainement “disjoncté”,“pété les plombs”, son cerveau paralysé par les traumatismes de son histoire identitaire (91). Weil décrit cet épisode à l’hôpital psychiatrique avec une telle sensibilité et une telle retenue que le lecteur ne peut que ressentir une profonde empathie.Tout comme à l’évocation pudique et inattendue, vers la fin du livre, de la défiguration du fils et de la reconstruction de son visage à la suite d’une attaque criminelle. Malgré ces épisodes dramatiques, on 284 FRENCH REVIEW 89.4 Reviews 285 retrouve l’humour et la dérision avec les ‘selfies’ en auteur et en professeur ainsi que celui‘à la plage’qui évoque une intervention médicale ayant inscrit quelques‘tatouages’ sur le corps de l’écrivaine. Ceci est le prétexte d’un échange divertissant avec un médecin sur l’interdiction des tatouages prôné par le Talmud. Figure également l’autoportrait en Israël, exprimant son ravissement de s’y sentir chez elle, enfin le‘selfie photobomb’ révélant le frère longtemps caché. Les multiples autoportraits de ce livre singulier dessinent un sujet saisissant dans toute son humaine complexité. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Linguistics edited by Stacey Katz Bourns Cougnon, Louise-Amélie. Langage et sms: une étude internationale des pratiques actuelles. Louvain: PU de Louvain, 2015. ISBN 978-2-87558-371-0. Pp. 396. 29 a. Les frontières...

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