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Mukasonga, Scholastique. Cœur tambour. Paris: Gallimard, 2016. ISBN 978-2-07014981 -0. Pp. 177. 16,50 a. Kitami, une chanteuse rwandaise qui au cours de ses spectacles proférait des incantations sibyllines sous l’emprise de transes, est morte écrasée sous le poids d’un énorme tambour rwandais. Le bruit courait que ce tambour d’origine dynastique, donc sacré, représentait un insigne du pouvoir de la reine mythique Kitami dont la chanteuse prétendait être la réincarnation.Ainsi, l’‘Esprit’magique du tambour recélé dans son cœur depuis des générations prenait possession du corps de la jeune femme et inspirait ses“improvisations magnétiques”et ses contorsions insolites (13). Quelque temps après sa mort énigmatique, un journaliste, groupie de la diva, reçoit un colis contenant le récit autobiographique de sa jeunesse accompagné d’un mystérieux petit fer de lance. Désireux de publier le manuscrit, le journaliste le fait précéder d’un avertissement afin que les lecteurs saisissent la personnalité de la chanteuse et de son entourage artistique. Son groupe comprenait, entre autres musiciens, trois batteurs dont deux rastas, le Jamaïcain Livingstone, joueur du niabinghi, le Guadeloupéen Baptiste, joueur du maké, et James Rwatangabo, un Ougandais qui parfois se disait Rwandais et avait seul le privilège de battre le tambour sacré,dénommé Ruguina,autrement dit‘Le Rouge’.Après de multiples aventures de jeunesse, les trois tambourinaires se retrouvent par hasard à New York à une époque où la musique est fortement influencée par la diaspora africaine. C’est là que Kitami rencontre ses trois batteurs et les lie à son destin artistique. Kitami voue un véritable culte à ses tambours qu’elle affirmait être tous marron car “fabriqués et battus par des esclaves en fuite” (18). Mais sa dévotion envers Ruguina vire au fanatisme. Elle le caresse pour le consoler des vicissitudes de ses voyages, le masse quotidiennement d’un baume de sa composition, et l’asperge de parfums pour le remercier de bien vouloir entrer en scène et l’inspirer. L’origine de cette relation fusionnelle est racontée dans l’autobiographie de Prisca, la “petite fille solitaire et rêveuse” qui deviendra Kitami (65). Nous l’observons dans ses relations avec sa famille et son village, et avec les blancs—missionnaires et coopérants enseignants. Nous la suivons dans ses vagabondages dans les marais, entraînée par l’appel de l’élusive sorcière Nyabingui, et dans sa découverte du tambour fétiche dont elle prend possession puisqu’elle est du lignage de la reine Kitami. Un Rwanda nous est conté, qui a gardé ses traditions malgré la colonisation, le génocide et la modernité, un Rwanda des légendes et des rituels,des psalmodies liturgiques que Kitami dissémine dans le monde entier à travers son‘Chant’ scandé par les battements sacrés. Après des années d’errance, elle se retire avec sa suite dans une ancienne plantation de l’île de Montserrat où ses spectacles continuent à attirer les foules. Mais un matin, son corps est découvert ensanglanté sous l’énorme tambour rwandais, la boîte crânienne fracassée. Un fer de lance avait été placé à l’intérieur de l’instrument. S’agit-il d’un accident, d’un suicide ou d’un meurtre? Maniant tour à tour poésie, ironie et réalité 214 FRENCH REVIEW 90.3 Reviews 215 historique, la conteuse Mukasonga transporte le lecteur dans un monde fantasque et fantastique. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Poulain, Catherine. Le grand marin. Paris: L’Olivier, 2016. ISBN 978-2-8236-08632 . Pp. 376. 19 a. Dans ce premier roman, direction l’Alaska, the last frontier (un glossaire figure à la fin du roman), dans une course aussi effrénée qu’insatiable. Lili a quitté Manosqueles -Plateaux (surnommé Manosque-les-Couteaux) pour l’île de Kodiak et ce monde d’hommes“qui fuient un drame ou une saloperie qu’ils ont faite”.Ce sont des“révoltés”, des “tordus” qui “veulent recommencer une nouvelle vie” ou des rêveurs, comme elle (306–07). Moineau qui se nourrit de...

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