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Guillot, Marion. Changer d’air. Paris: Minuit, 2015. ISBN 978-2-7073-2891-5. Pp. 173. 14 a. Qui n’a jamais rêvé de tout recommencer, de vivre une autre vie, de “changer d’air”? Paul, quarante-cinq ans, professeur, mari heureux et père comblé de deux enfants est le narrateur de ce roman au titre programmatique. Pauvre Paul: il n’a pas vu venir le moment déclencheur où, pour lui, tout allait basculer. Quelle tragédie l’attend? Aucune. Et quel drame? Rien de plus que la mort de son poisson rouge. Mais j’anticipe. L’été prend fin et de la terrasse d’un café du port Paul voit une femme tomber dans l’eau, en sortir, s’en aller. Il la voit, il la regarde, il ne bouge pas. Et, plus tard, ce même matin, il se rend compte que l’incident occupe une place si prépondérante dans son esprit que tout le reste, son travail,Aude sa femme, ses enfants, n’ont plus aucune importance. Il les quitte pour vivre ailleurs et autrement, comme ça. À Nantes, diverses petites aventures l’attendent. Il loge d’abord chez son ami Rodolphe, descend ensuite à l’hôtel et se trouve enfin un appartement. Il note dans un journal ce qui se passe autour de lui. Cherche-t-il ainsi à maîtriser son nouveau monde? Nul ne sait. Et lui encore moins. Mais nous voyons que Paul comprend ce qui le gênait dans sa vie‘d’avant’. Cette vie,“elle décidait à ma place” (74). Maints détails l’occupent et il passe son temps à aménager un espace qui puisse convenir à cette nouvelle vie qu’il n’a pas encore su définir. Des relations? Il garde contact avec sa femme et ses enfants, il voit Rodolphe, il s’entretient avec Simon le menuisier qui vient travailler chez lui, et il s’achète un poisson rouge, Henri. Rodolphe et Aude commencent à se voir, Henri saute de son bocal et meurt et, pour Paul, la vie continue. Une nouvelle étape commence lors d’une soirée où Paul invite Simon, Aude et Rodolphe chez lui et où, comme cadeau, sa femme et son ami lui offrent... un poisson. Ce poisson noir, Paul va le promener autour du quartier dans une remorque achetée pour tenir l’aquarium. Il commence à reprendre goût à la vie, il accepte du travail, on dirait qu’il trouve une sorte d’équilibre mais du jour au lendemain, il perd la tête. Aurait-il fallu que nous remarquions des signes avant-coureurs de son instabilité? Aude finit par le ramener chez eux et notre livre se termine par un paragraphe où celle-ci observe de sa fenêtre son mari en train de prendre son petit déjeuner en bas au café du port où tout a commencé. Elle le regarde comme lui, peu avant, regardait Henri tourner en rond dans son bocal. Mais pendant un temps, il est vrai, Paul a changé d’air. Un des grands intérêts de ce roman vient des actes abrupts qui sont exprimés à travers de longues phrases ressemblant non pas à de l’écriture automatique mais plutôt au flot de paroles de quelqu’un qui s’est trop longuement tu. Metropolitan State University of Denver Ann Williams 218 FRENCH REVIEW 90.2 ...

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