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Fournier,Jean-Louis. Ma mère du Nord.Paris: Stock,2015.ISBN 978-2-234-07008-0. Pp. 198. 17,50 a. Après avoir écrit sur son père alcoolique (Il a jamais tué personne mon papa, 1999), ses fils handicapés (Où on va, papa?, 2008), sa femme décédée (Veuf, 2011), sa fille devenue religieuse (La servante du Seigneur, 2013), Fournier clôture sa saga familiale en rendant hommage à sa mère, Marie-Thérèse. Cette femme “réservée et discrète” (11) fut “une gamine sérieuse et gaie” (19), “une jeune fille romantique qui aimait Chopin” (135). Fille de vieux, elle est élevée par une mère “austère, pas très rigolote, plutôt bigote” (16) et grandit à Arras. Passionnée d’art et surtout de littérature, elle obtient une licence en lettres et un poste de professeur de français avant d’épouser Paul, le médecin séduisant qui la fait chavirer (27). Le bonheur sera cependant de courte durée. Le“couple titubant”(48) s’installe d’abord à Calais, lieu de naissance de Jean-Louis, puis déménage dans l’Artois pour finalement retourner à Arras, “dans la maison de son enfance”(37). De retour au 21, rue de la Paix—adresse où Paul Verlaine habita en 1869—Marie-Thérèse, mère “courageuse et admirable” (105) élève ses enfants seule tout en s’accommodant d’une mère autoritaire et d’un mari alcoolique. Comme Verlaine, le père préfère le Byrrh à sa famille:“Paimpolaise anxieuse, ma mère attendait avec angoisse, chaque soir, le retour de son bateau ivre” (64). Fournier se souvient du sentiment d’impuissance qu’enfant il ressentait face à la tristesse et aux larmes de sa mère: “D’habitude, ce sont les enfants qui pleurent, pas les grandes personnes. Surtout pas les mères, elles sont sur terre pour consoler les enfants qui pleurent” (89). Veuve à trente-huit ans, Marie-Thérèse ne se remariera pas. Elle se consacre à ses enfants et leur transmet sa passion pour les artistes—en particulier Romain Gary, Émile Zola, Maxence Van der Meersch, Paul Verlaine—ces“bienfaiteurs de l’humanité [qui] lui rendaient la vie supportable”(120). Elle fait confiance à son fils qui rêve de devenir comédien:“J’apprenais par cœur des passages des pièces de Racine, de Molière, que je déclamais dans les champs de betteraves de l’Artois” (120–21). Maintenant âgé, Fournier ose avouer qu’elle fut la “plus grande chance de [sa] vie” (123). Ce récit intimiste où s’entremêlent souvenirs et descriptions de photos comporte également les témoignages des petits-enfants de“Glagla”,une grand-mère qui découvre, avec l’âge, le bonheur. On retrouve un style d’écriture unique. Les courtes phrases incisives et un franc-parler imparable traduisent de manière simple mais poétique la tragédie de la vie et la pudeur des sentiments. L’auteur nordiste privilégie les jeux de mots et les métaphores. Chaque titre de chapitre, formulé en bulletin de météo marine, annonce l’état émotionnel de Marie-Thérèse, évoluant de “mer froide” à “mer forte à très forte” pour finir en “mer peu agitée, ridée à belle”. À travers cette émouvante déclaration d’amour, Fournier réussit à faire réfléchir ses lecteurs sur leur propre héritage familial. Siena College (NY) Nathalie Degroult 216 FRENCH REVIEW 90.2 ...

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