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Reviews 211 une bonne affaire (“8% de littérature offerte”, précise la couverture), le lecteur se lance dans la découverte de ces micro-nouvelles. Tout y passe, mais surtout les incongruités de la vie moderne, comme le pouvoir subversif d’un téléphone portable volé ou l’utilité d’un silex préhistorique pour se défendre d’un cambrioleur contemporain. On y apprend qu’Adam, dont le comportement dans Paris est digne d’un Diogène est, de fait, professeur de philosophie antique; que c’est lors d’un séjour linguistique dans une très chrétienne famille de Bavière qu’Anaëlle a découvert une vocation pour le sadomasochisme; et qu’il n’est peut-être pas bon, au moment du petit-déjeuner, de s’attaquer à plus petit que soi, surtout lorsqu’il s’agit d’une colonie de fourmis. Les rêveries passent le relai aux rêves transformés en fantasmes, que la réalité se fait un plaisir de crever comme une baudruche.Ainsi va-t-on d’un registre à l’autre mais sous l’autorité d’une forme d’incongruité qui se réalise le plus souvent dans la chute. C’est là, sans doute, la faiblesse de l’ouvrage. Et l’ensemble donnerait l’impression de n’avoir affaire qu’au recueil de blagues d’un auteur facétieux si celui-ci n’avait pas varié les moyens aussi bien rhétoriques que narratifs pour parvenir à ses fins. Tantôt cocasses, tantôt aigres-douces, parfois relevant du simple jeu de mot et d’autre fois d’un absurde autrement plus inquiétant, ces nouvelles, qui excèdent rarement les deux cents mots, empêchent de penser que malgré son caractère tragique la vie ne vaudrait pas la peine qu’on se moque un peu d’elle, et d’elle un peu de nous. Une telle approche, dans sa forme comme dans son contenu, pointe vers un cousinage avec d’autres écrivains contemporains, au premier chef Éric Chevillard, dont les billets (trois pas jour) font l’objet de compilations régulières chez le même éditeur au nom qui, lui-aussi, est déjà tout un programme. Metropolitan State University of Denver Jean-François Duclos Berest,Anne. Sagan 1954. Paris: Stock, 2014. ISBN 978-2-234-07706-5. Pp.107. 18 a. Berest a créé un nouveau genre pour rendre hommage à Françoise Sagan. Ni tout à fait un roman, ni une biographie, ni une autofiction, ni un journal intime ou une autobiographie, ce récit se centre sur l’année de la publication de Bonjour tristesse (1954), et fait de Sagan un personnage principal ou une création littéraire, agissant en alternance avec Berest, la narratrice.Au moment où elle écrit son récit, la narratrice vit une année difficile car elle vient de se séparer du père de sa fille. En acceptant la proposition de Denis Westhoff—le fils de Françoise Sagan—qui lui demande de composer un ouvrage sur sa mère avant son succès littéraire, la narratrice s’évade de sa tristesse et revit cette année inoubliable pour le monde littéraire et pour Sagan. C’est à travers une focalisation zéro que la narratrice omnisciente “se revêtit de la vie de Sagan”(10) et“s’installe en elle”(9) pour oublier son mal, mais aussi pour révéler des détails souvent inédits—basés sur des faits réels. Par exemple, la narratrice imagine ce qu’a pu ressentir Sagan dans le métro avec son manuscrit sous le bras avec l’espoir d’une publication. Ou encore lorsqu’elle recherche un nom de plume jusque dans À la recherche du temps perdu (47). La narratrice fait part au lecteur de sa peur devant l’ampleur et la responsabilité d’un tel récit. La narratrice entreprend une narration autour de la création de son ouvrage, en somme une méta-narration, où elle nous confie ses notes, ses doutes ainsi que les réactions de ses amis lorsqu’elle leur dit sur qui elle...

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