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Reviews 227 Brottier, Béatrice. “Je n’estime pas moins tes lettres que ses armes”: la poésie d’éloge du premier XVIIe siècle dans les recueils collectifs de Toussaint Du Bray. Paris: Champion, 2015. ISBN 978-2-7453-2812-0. Pp. 632. 95 a. Dans son premier livre, Brottier nous offre une étude méticuleusement fouillée sur la poésie d’éloge dont le titre, tiré d’un poème de Malherbe, se décrypte lentement au fil des chapitres. L’architectonique du livre se présente en trois parties, elles-mêmes divisées en huit chapitres. Une question s’impose et c’est celle que pose d’emblée Brottier: qu’est-ce que la poésie d’éloge? Difficile à définir et à cerner, elle est essentiellement sociale, politique ou idéologique, et poétique; et elle se partage principalement entre l’encomiastique (discours élogieux) et l’épidictique (discours qui loue ou qui blâme). Le lecteur la découvrait dans des pièces liminaires, des plaquettes isolées et des textes manuscrits. Cette pratique d’écriture est très courante à l’époque et d’illustres poètes s’y adonnent comme Du Perron, Malherbe, d’Urfé et Racan. Elle va lentement perdre en importance lors du siècle de Louis XIV, le rôle royal ayant évolué. Brottier délimite son corpus avec les recueils collectifs de poésie du libraire-éditeur Toussaint Du Bray publiés entre 1609 et 1630. Chose remarquable pour l’époque, les pièces sont rassemblées, classées par auteurs et thèmes, et publiées par dédicataires selon une hiérarchie rigide: Dieu, roi et grand. La chercheuse soulève des questions intéressantes de décontextualisation et de distance puisque les éloges destinés essentiellement à l’élite politique prennent du temps à être rédigés et “l’atténuation relative de la fonction politique des pièces lors de leur publication dans les recueils collectifs est peut-être davantage une transformation qu’un amoindrissement”(243). Par ce fait, la poéticité des œuvres prend une importance de premier plan une fois que le message politique est transformé. De ce discours poétique s’entend la voix des poètes qui communique des messages, souvent topiques, au lecteur au fil de leurs vers. Tout en continuant de valoriser les dédicataires, les dédicateurs favorisent également leur rôle. Ils mettent en exergue pour leur propre bénéfice la qualité de leurs vers, la longueur de leurs œuvres et l’ardeur du labeur laudatif et poétique. Ils exposent ainsi la flagornerie de ceux qu’ils considèrent comme de “mauvais poètes”—deux des nombreux topoï qui ressurgissent constamment dans la poésie d’éloge. Le poète acquiert en conséquence une identité sociale qui accorde aux plus doués d’entre eux, éminence, reconnaissance et succès. Complété par un index contenant une description exhaustive des recueils de Toussaint Du Bray et les biographies des auteurs, ce livre sera précieux pour les chercheurs en poésie, mais également les historiens, intéressés par la personne royale et celle des grands du premier dix-septième siècle. University of Mount Union (OH) Bertrand Landry ...

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