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Reviews 255 rôle de l’alphabet et de l’abécédaire dans son apprentissage de la lecture. Il en profite pour citer“Alchimie du verbe”dans lequel Rimbaud insère un fragment de son célèbre sonnet “Voyelles”. Ce poème qui associe à la connaissance les voyelles colorées et les consonnes rythmées, le verbe poétique et tous types de fiction mène aux deux chapitres suivants qui répondent à la thématique de la lecture: bibliothèque et curiosité intellectuelle. Mais l’ordre que commande l’alphabet du dictionnaire n’est pas celui de la vie, remarque l’écrivain pour qui la lettre D pour deuil et désir vient en tête de toutes les autres.Ce double signe dont les termes sont synonymes occupe son espace existentiel; il est au centre de son vocabulaire. Forest porte le deuil insurmontable de sa fille unique que tout désir d’énonciation réduit à une nouvelle mise à mort. L’épreuve de cette perte inimaginable résonne dans le poème “Enfance” des Illuminations, “c’est elle, la petite morte, derrière les rosiers” (36). Vers qu’il reprend au chapitre suivant dans lequel il poursuit sa quête du fantôme de sa fille et critique les fantasmes des adultes nostalgiques qui fabriquent de toutes pièces une mythologie de l’enfance, celle du paradis perdu. L’absence de l’enfant émerge à tout instant au cours de sa méditation sur des sujets aussi variés que la fatalité et le hasard; l’impossible, c’est-à-dire le nonsavoir et l’inaccessible qu’évoquent Bataille et un chapitre d’Une saison en enfer; le Japon qu’il connaît bien où la prédominance du “roman du je” et les particularités grammaticales de la langue posent la question de l’individualité; le salut dans l’audel à qu’il réfute en tant qu’athée; la politique dont il se désintéresse; la morale individuelle. Dans le chapitre consacré au roman, Forest prend partie pour le roman contre la poésie qui escamote le réel, s’adonne à de purs exercices d’abstraction verbale à moins de se trouver devant une œuvre géniale comme celle de Rimbaud qui a “l’apparence d’un long roman dont Une saison en enfer explicite la morale” (117). Ce brillant autoportrait empreint de chagrin et de gravité laisse néanmoins retentir dans ses interstices ces mots d’espérance d’“Alchimie du verbe”: “tous les êtres ont une fatalité de Bonheur”. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Fort, Pierre-Louis. Simone de Beauvoir. Saint-Denis: PU de Vincennes, 2016. ISBN 978-2-84292-541-3. Pp. 178. Acknowledging at the outset the challenge—“faire le portrait de celle qui fut vraisemblablement l’une des plus importantes personnalités du XXe siècle”(5),“figure à la fois atypique et mythique” (6)—Fort lays out his strategy: “faire entendre la voix de Simone de Beauvoir en la citant fréquemment” while providing “un texte d’accompagnement analytique qui tout à la fois la mette en situation, l’explique et la fasse connaître”(7).At first glance, his study might appear to be micro-organized, the eight chapters divided in turn into numerous short sections, but that meticulous organization will allow readers to turn directly to whatever is of interest, whether it be an overview of Beauvoir’s eventful life in both private and public spheres, her interaction with other notable figures of the century, her passionate engagement in a range of social and political issues, or the diverse nature of her own body of work. True to his word, Fort gives voice throughout to Beauvoir herself. That is especially evident early on, as he draws on successive volumes of her memoirs, from Mémoires d’une jeune fille rangée (1958) to Tout compte fait (1972), to retrace her childhood and adolescence, the broad lines of her intellectual development, and the initial stages of her professional life. Fort’s treatment of her oeuvre is essentially descriptive, rather than critical. After noting the mixed reception of L’invitée (1943), her first published novel, he documents the acclaim accorded...

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