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de se faire (comme l’image-cristal), dans ce sens où elle se fait l’écho d’un changement dans l’histoire et, possédant un pouvoir affectif extrême, transporte le spectateur dans un espace utopique où image et son se confondent. Ce moment deleuzien, articulant le passage d’un moment à autre, du passé au présent ou vice-versa, inscrit le spectateur dans le temps de l’expérience cinématographique. DePauw University (IN) Marius Conceatu Silhol, Nicolas, réal. Corporate. Int. Céline Sallette, Lambert Wilson, Stéphane De Groodt, Violaine Fumeau. Diaphana, 2017. Comme l’indique son dossier qu’épluche une inspectrice du travail (Violaine Fumeau), Émilie (Céline Sallette) est “corporate” et “proactive”, ce qui fait d’elle une directrice des ressources humaines idoine pour la tâche qui lui a été confiée: faire démissionner des employés qu’il coûterait trop cher de licencier. Mais quand ses méthodes poussent un homme à se suicider sur son lieu de travail, l’entreprise n’apporte pas à la jeune femme le soutien indéfectible qu’elle aurait pu attendre d’une hiérarchie pour laquelle elle se charge des basses besognes. Ce point de départ assez typique (le bon petit soldat trahi par l’institution qu’il sert) plonge immédiatement le spectateur de Corporate dans le monde impitoyable de l’entreprise, emboîtant ainsi le pas à bien des films français depuis deux décennies (Ressources humaines, Sur mes lèvres, Fair play, La question humaine, Rien de personnel, De bon matin, La loi du marché, Outsider). C’est avant tout par la caractérisation du personnage principal que le film happe notre attention. Les zones d’ombre et de silence qui entourent Émilie et sa vie familiale, la façon dont elle esquive les appels de certains salariés et manipule ses cadres au gré d’entretiens savamment orchestrés, ses changements de chemisiers identiques en milieu de journée et l’application régulière de déodorant en font un personnage aussi détestable que fascinant. Les deux premiers tiers du scénario témoignent d’un sens aigu du rythme et de la tension dramatique. Les scènes se font écho par le biais de glissements et de redoublements au fur et à mesure que la carnassière Émilie change de statut, passant de chasseur à proie, violentée par une inspectrice du travail aussi tenace qu’elle et par une institution toute prête à la sacrifier. Le film n’échappe toutefois pas à certains travers. Malgré ses qualités indéniables, le scénario perd en efficacité dans la dernière partie du récit. L’antagonisme entre Émilie et Marie Borrel, une inspectrice du travail qui met la DRH en difficulté et la traite avec une agressivité à laquelle elle n’est pas habituée, constitue l’un des points forts du film. Mais une fois que les jeunes femmes s’allient pour faire triompher la morale, le récit perd en intensité. Ce basculement dans le bon sentiment est d’autant plus fâcheux que l’héroïsation de Marie dans sa lutte contre les puissants prive le personnage d’aspérités. Le casting de Lambert Wilson, un peu trop coutumier des rôles de salauds, manque quant à lui d’inspiration, comme le choix esthétique qui consiste à filmer des surfaces 246 FRENCH REVIEW 91.4 Reviews 247 vitrées et à donner à l’image une teinte bleu-gris, parti pris à mi-chemin du réalisme et du cliché générique. Malgré ces faiblesses, la sobriété de la mise en scène et l’indéniable talent des comédiens constituent des atouts de taille qui justifient que l’on voie le film et qu’on garde un œil attentif à la carrière du prometteur Nicolas Silhol. Villanova University (PA) François Massonnat Literary History and Criticism edited by Marion Geiger Andréa, Yann. Je voudrais parler de Duras: entretien inédit avec Michèle Manceaux. Paris: Pauvert, 2016. ISBN 978-2-720-21547-6. Pp. 111. This posthumous, yet unpublished interview (2–3 Oct. 1982) crosses multiple boundaries. Is it literary criticism or (auto)biography...

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