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Reviews 243 Cherqui, Marie-Claude. Queneau et le cinéma. Paris: Jean-Michel Place, 2016. ISBN 978-2-858-93988-6. Pp. 128. Bien plus que du théâtre dont la matérialité balourde éloigne de l’idée, on savait Raymond Queneau passionné des mouvises, lui qui, adolescent au Havre, ne manquait pas un Charlot et qui se pâmerait devant chaque apparition d’Alice Faye, photogénique bathing beauty du“Bois sacré”californien des années 1930 et 1940. Cinéphile, Queneau le fut tôt, si bien qu’en rejoignant Prévert, Péret et autres Desnos rue du Château, il put consigner, avant même l’avènement du film sonore, quelques réflexions lumineuses sur le “cintième art” (5)—découverte qu’il disait “pathétique”, n’en déplaise à Gaumont (11)—et participer à des expériences collectives surréalistes d’écriture de scénario (12). Puisant allègrement dans maint inédit ou publication confidentielle, Cherqui explore en partie double le “ciné dans Queneau”, soit la thématisation de l’imaginaire cinématographique dans les romans, poèmes et quelques ciné-textes sans lendemain (Zoneilles, tiré d’une histoire drôle de Boris Vian; Quai Voltaire adaptant Candide), puis “Queneau dans le ciné”, soit divers projets réalisés pour lesquels Queneau écrivit dialogues, commentaires, scénarios ou découpages. Guide experte, l’auteure donne une place de choix aux textes romanesques majeurs tels Un rude hiver (1939), où Bernard Lehameau, ancien combattant mélancolique, est un adepte des “rigolos silencieux”à la Mack Sennett (19), et Loin de Rueil (1945), dont le protagoniste Jacques L’Aumône devient, dans son exil américain, James Charity, grande vedette de la Ramon Curnough Company. Pour le théoricien du film en herbe et ses personnages, le cinéma serait “une manière d’exister, une philosophie, une mystique profane grandiose et ridicule” (23); spectacle par excellence, c’est l’“art du Merveilleux”, une “magie” qui peut “susciter chez le maximum de spectateurs la rêverie éveillée dont chacun est capable” (26). Puissance d’envoûtement qui ne va pas sans voyeurisme, et qui expliquerait le fort rejet du documentaire formulé dans“Le mythe du documentaire”, texte-clé de 1946. La seconde de moitié de l’ouvrage retrace l’historique de films animés (Teuf-teuf et Bang-bang de Jean Jabely), éducatifs (Arithmétique de Pierre Kast; Saint-Germain-des-Prés de Marcel Pagliero) ou industriels (l’inoubliable Chant du styrène d’Alain Resnais). Fascinant parmi tous, L’emploi du temps (1967) voit le cofondateur de l’OuLiPo s’improviser scénariste OuCiPien, combinatoire et exercises de style à l’appui. Seul grief, par moments les citations se multiplent au point de frôler le florilège textuel (72–76). Mais le jeu en vaut la chandelle puisque les descriptions critiques font (re)vivre des œuvres oubliées, perdues ou restées images mortes, aussi bien que tel succès couronné (Un couple de Jean-Pierre Mocky, Monsieur Ripois de René Clément). Chez l’encyclopédiste cinéphile on ressent in fine une certaine réticence devant l’appareil cinématographique, trop lourd, et les producteurs, trop puissants. Pourquoi faire du caméra-stylo quand le stylo seul suffit? N.B.: il ne s’agit guère dans ces pages des adaptations de Queneau par Louis Malle, Jean Herman alias Vautrin ou Harold Manning; heureuse décision éditoriale que d’écarter l’archiconnu, et de quoi confirmer la belle initiative, due à Carole Aurouet, de fêter le “Cinéma des poètes”, êtres qui habitent en fins connaisseurs l’intervalle séparant la page de la pellicule, l’encre de la lumière. Johns Hopkins University (MD) Derek Schilling Ozon, François, réal. Frantz. Int. Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner, Marie Gruber. Music Box, 2016. As France and Germany rebuild their cities in the aftermath of the Second World War,Adrien Rivoire, a young French soldier, travels to Germany to beg forgiveness for the death of one particular enemy soldier, Frantz. In Ozon’s (mostly) black-and-white film, the spectator is witness to a subtle journey from...

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