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laisse jaillir de l’ombre un bestiaire auquel Anton attribue un sens divinatoire. Son attention va toutefois se déplacer vers un son—“le son [...]. Plein et terrible comme au premier jour.(Le son,ce putain de son.)”(25)—qui refait surface,qui le jette à l’occasion hors du lit vers le bureau et même dehors, qui le mène surtout vers les rivages de l’inconscient et du souvenir. Il se remémore ainsi une partie de chasse au cours de laquelle le maire tira accidentellement deux coups—dont un dans l’entre-jambes—sur le boucher qui le cocufiait. Il évoque encore la rumeur d’inverti qui lui colle à la peau à cause de sa “voix délicate, flûtée et légèrement bourdonnante, tout en désaccord avec son physique massif de bûcheron, la robustesse de ses mains de charcutier, et l’amplitude de son tour de taille” (84), rumeur que son port des mules et de la sortie de bain de sa femme pendant cette nuit d’insomnie tend à étayer. Pour compenser, Anton en rajoute sur les“papaouts”(39) lors de dîners bourgeois dont le goût persiste dans sa bouche cette nuit-là. Le son, qu’il prend comme “preuve de son aliénation” (121), exprimerait-il cette identité refoulée? Kebabdjian ne le dit pas, de même qu’il n’aborde jamais l’étrangeté du nom de son héros. Au terme de son cheminement nocturne, Anton Sorrus accoste aux rives de la philosophie: “Il était, tout entier, pleinement possédé par le son, il n’était plus rien d’autre que par et pour ce son. [...] Il n’était plus que l’universalité, la perpétuité, l’éternité du chant de la Terre” (144). Lui qui avait jugé sa situation invivable et décidé de faire table rase de ses habitudes, il se trouve délivré des entraves matérielles de son existence, prêt, seul éveillé, à embrasser l’éternité devant “l’érection du nouveau monde” (157). Le songe et cet état de grâce perdureront-ils après qu’Anton Sorrus sera finalement parvenu à se rendormir quelques minutes après l’aube? Kebabdjian convie ses lecteurs à une promenade philosophique et signe ici un deuxième roman tout en profondeur, à la prose concise et raffinée, qui lui vaudra sans doute le même succès d’estime littéraire que pour Les désœuvrés (2015). Eastern Connecticut State University Michèle Bacholle-Bošković Lefort, Gérard. Le commun des mortels. Paris: L’Olivier, 2017. ISBN 978-2-82361124 -3. Pp. 174. Lefort’s book is a collection of twenty-nine short fictional tales, averaging four to five pages, each about a different individual, identified by only a first name. The back cover describes the work as“le roman cubiste de notre époque. Une époque atomisée, éclatée.” It is also, however, an era “d’une utopie encourageante: le bonheur de vivre ensemble, malgré tout.” When one reads the book itself, one gets a very different impression.Almost all these stories express a negative, pessimistic view of human life. The author presents a world of failure, sadness, frustration, and destructiveness. Every person is held captive in her/his private universe, with little possibility of communicating with other people. Love, be it hetero or homosexual, has no hope of fulfillment. No 212 FRENCH REVIEW 91.4 Reviews 213 one ever really gets together. Neither do the stories. With a few exceptions, each one is as isolated as the individuals they depict. The tales span every social class and age group. Rich and poor, adults, children, and adolescents—all are miserable. Although some tales end violently, one with a murder/suicide, another with a suicide, it is the little, trivial frustrations and disappointments of everyday life that make most people unhappy. There emerges from Lefort’s book a philosophy of life that borders on the nihilistic. Olivier, the protagonist of the first story, doubts everything, especially his own existence. Unlike Descartes, this universal doubt leads to no certainties. He remains undecided between yes and no, the pro and the con. Like Madame Bovary, he forever desires...

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