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Reviews 205 fin de compte, les problèmes à résoudre n’auront fait que se déplacer. Et entretemps, l’histoire aura connu des rebondissements dont le ressort est la situation de famille de Jean et de ses proches demeurés en Afrique. Jean est empêtré dans son passé et les promesses qu’il a faites au pays natal. Il n’est donc pas en position de vivre pleinement sa relation avec Patricia. Le récit est confié à un “je” représentant successivement Jean s’adressant à Patricia, Patricia à Vanessa,Vanessa à Patricia et la fille de Jean. Mais il ne s’agit pas d’un roman épistolaire car les récits ne s’adressent pas véritablement à l’interlocuteur désigné dans le texte. De plus, les trois personnages ayant exactement le même style, les lecteurs n’ont pas le sentiment d’entendre des voix distinctes. Elles s’expriment comme le ferait un narrateur omniscient parlant de lui-même. Elles introduisent à leur tour d’autres personnages qui seront évoqués de manière tout aussi neutre. Ces histoires entrecroisées ont en fait la qualité d’un reportage dont les personnages ne sont que des prétextes et qui constitue autant d’éléments d’une fresque à contempler de l’extérieur. Peut-être est-ce l’effet recherché, car comment pourraiton vraiment rentrer dans l’histoire d’un sans-papiers au parcours si éloigné des nôtres? L’exilé n’est pas une table rase, et prendre en compte ce qu’il a vécu pour pouvoir l’accueillir n’est pas de tout repos. La toute dernière phrase du livre, que je ne mentionnerai pas ici, permet de déplacer avantageusement notre perspective sur le rôle tenu par Patricia dans le déroulement du récit et contribue à justifier le procédé littéraire décrit plus haut. L’auteur a le mérite de se baser sur une vraie recherche concernant le sort des sans-papiers, ce qui donne du poids à son récit. Elle est convaincante dans ses descriptions, comme celle du déchirement provoqué par l’exil, les expédients dont Jean se voit contraint d’user, ou les pénibles démarches qu’il doit effectuer. Ce livre bien documenté pourra servir d’introduction à la problématique, avant de lire par exemple Destiny (FR 90.4) de Pierrette Fleutiaux, ou Indétectable de Jean-Noël Pancrazi pour approfondir les ambiguïtés de la relation protecteur/protégé. Ralston Valley High School (CO) Christian Roche Despot, Slobodan. Le rayon bleu. Paris: Gallimard, 2017. ISBN 978-2-07-271005-6. Pp. 192. Kouzmine a vu le rayon bleu,d’un bleu intense et létal.Lorsqu’un réacteur a explosé, les piaillements d’enfants se sont tus. La cité Lumumba dissimulait un laboratoire nucléaire ultra-secret derrière sa façade de paradis soviétique de la jeunesse. Seul physicien rescapé du désastre, depuis des années, Kouzmine pousse régulièrement la grille rouillée du lieu fantôme pour passer un appel téléphonique codé quelque part en France. Au château de Herbert de Lesmures, un téléphone noir figé sur son socle continue de sonner, mais plus personne ne décroche. Quelque part au fond des océans, un sous-marin équipé de missiles mortifères attend un ordre apocalyptique que le capitaine exécutera, ou pas. Lesmures est un haut fonctionnaire d’État chargé de missions diplomatiques délicates durant la guerre froide. En tant que conseiller et confident du président Doudelanier, il connaît bien l’envers du pouvoir, les manipulations géopolitiques et l’incurie des dirigeants face à la menace nucléaire:“Les politiques s’inquiètent de la calotte polaire, mais l’idée de la destruction de la planète en trente minutes ne les empêche pas de dormir”(162). Homme de confiance et de conscience, Lesmures consigne ses inquiétudes dans un journal intime et partage ses doutes au sein du Club des Éveillés, un groupe international de dignitaires plus ou moins dissidents rassemblés autour du charismatique général“Aga...

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