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Reviews 199 avec ce roman passionné et passionnant. Dans ce bar se trouvent deux marins, Leeward et Hilaire, arrivés au bout de leurs périples à travers l’archipel, et Bahia, la femme aimée d’un amour fou par les deux hommes. Ensemble, ils ressassent leurs souvenirs et leurs déboires “entre alcool et mémoire [...] se cherchant sans jamais se trouver” (14). On les entend soliloquer d’une voix à la fois pressante et lointaine comme l’écho d’une bouteille jetée à la mer lançant un ultime appel aux étoiles. Leur existence n’a été qu’une longue errance d’une île à l’autre, une drive infernale et incessante où leur vie “en trompe-l’œil”(30) était en proie au roulis perpétuel d’une“réalité inversée”où, dit Leeward, “les carnavalesques [dansaient] au-dessus de nos dépouilles vidées de leur cervelle”(43). Message pessimiste s’il en est, bien loin des dépliants touristiques. Sont fustigés tour à tour les mensonges des états capitalistes, les exactions historiques et les contrefaçons en tous genres. En somme, le commerce triangulaire camouflé sous d’autres formes: “c’est plus la même marchandise [...] mais c’est les mêmes circuits” (40). L’écriture est serrée, intensément riche et sensuelle, fourmillant de sonorités qui évoquent la rouille du vieux rafiot qu’il faut perpétuellement râcler: mes crasses, dégobiller, déblatérer, valdinguer, tumeur, décrépitudes. Les images forment une chaîne poétique et rageuse qui ne sont pas sans rappeler certains passages du Cahier de Césaire. Les trois personnages ont tout fait, tout vu, d’un bout à l’autre de la Caraïbe, la contrebande, la prostitution, la drogue, le trafic des migrants. Mais c’est Bahia qui miraculeusement est sortie toute nue de son conteneur, incarnant toutes les femmes à la dérive dans son cœur et dans son corps: “Au plus profond de sa chair [elle était] toutes celles qui s’étaient noyées”(52). Elle sait que ce bar sera la dernière escale. Ils se sont tant aimés tous les trois que leur histoire a dépassé les limites du réel et pris une dimension quasi mythique, “chaque souvenir enroulé au suivant” (108), formant, comme les îles elles-mêmes, des constellations telles qu’en gravent les Amérindiens. Les quatre carnets d’Hilaire seront comme ces vestiges, les témoins de leur splendide et terrible aventure et pour lui, laissé seul longtemps après le départ des deux autres, un moyen de remonter le temps et de retrouver Bahia, son amour perdu dans les “îles ballottées par les vents” (118). Une mélancolie infinie enveloppe les dernières pages d’un lyrisme poétique qui transforme le texte en une sorte de légende océane recueillie “dans la houle à l’oreille de la conque” (110) et au cœur de laquelle Hilaire a confié sa blesse, hors du temps,“hors des calendriers” (118). Les lecteurs s’accouderont avec lui au bar des Amériques. Earlham College (IN), emerita Annie Bandy Bouraoui, Nina. Beaux rivages. Paris: Lattès, 2016. ISBN 978-2-7096-5052-6. Pp. 245. Beyond her forty years and in a relationship with Adrian for eight years without children, the narrator (“A.”) is left behind by her partner for another woman.A.’s firstperson narrative is familiar to many of us and yet uncommon in her insights and revolt against being placed in a weaker position by her formerly egalitarian partner. This is no adolescent confused about her emotions. This rejected adult is articulate in carving out her initial denial and in morphing from being part of a couple into a woman grieving her accustomed lover. She is angry at a time when Paris has recently been ravaged by yet another terrorist act so she feels like circling the wagons without identifying who the other victims could be. Run-on sentences convey her overwhelming emotion that precludes her ability to finish her thoughts.With the assistance of a psychoanalyst, she leaves behind her self-destructive emotions and embarks on her journey to find...

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