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rideaux, les teintures, les bouteilles vides—et Armand, ivre à l’extrême. Ce professeur de musique, qui boit pour “neutraliser son désarroi” (12), est complémentaire de Fabiola, la chanteuse d’opéra déchue à qui il donne des leçons de diction et pour qui il fait des partitions.“Fabulous Fab” (24), comme elle se fait appeler, a invité Armand à Monte-Carlo pour fêter son retour sur scène et pour aider son ami à se remettre d’un échec amoureux avec un de ses étudiants. Mais l’excentrique Fabiola part une semaine avec son amoureux, et Armand se retrouve seul dans le palace. Armand succombe alors au désir et s’engouffre dans la boisson. Tout chavire pour lui, qui n’est rien sans elle. Sa rencontre avec un jeune serveur de l’hôtel, dont il tombe immédiatement amoureux, entraîne Armand sur la pente des mauvaises rencontres. Il est agressé sexuellement par deux hommes. Cet acte obscène a été filmé et menace de le dévoiler. C’est en regardant les scènes où il apparaît consentant devant cette brutalité—et y prenant presque du plaisir—qu’Armand se remet en question:“Lequel des deux était-il vraiment? Celui qui fixait l’objectif ou cet autre qui le regardait?” (155). Bientôt revenue de son escapade amoureuse, Fabiola se prépare à faire son retour et à lutter contre ses insécurités avec l’aide d’Armand. L’amitié entre Fabiola et Armand se fonde sur leur complémentarité:“Ils étaient les deux facettes d’une même médaille: lui la pensée, elle la voix, lui la mélancolie, elle la fureur” (142). De la même façon, tout au long du roman la prose alterne également entre deux séries de pôles: le lyrisme et l’ironie, la poésie et le sarcasme, l’exaltation et l’apathie, comme un reflet du drame intérieur des personnages. La fin du roman reste ouverte, et c’est au lecteur de décider qui est le plus “queen” des deux personnages au milieu de ce drame existentialiste. California State University, San Marcos Véronique Anover Cusset, Catherine. L’autre qu’on adorait. Paris: Gallimard, 2016. ISBN 978-2-07268820 -1. Pp. 291. Avec le temps va, tout s’en va, chante Léo Ferré. Le 22 avril 2008 s’en est volontairement allé Thomas Bulot, trente-neuf ans, l’autre qu’on adorait. Cusset trace ici le court destin tout feu tout flamme d’un être surdoué, exubérant, drôle, curieux, plein de vie, promis à un avenir brillant mais finalement consumé par ses échecs tant professionnels qu’amoureux. À vingt ans, Thomas rencontre par l’entremise de son ami Nicolas (François Cusset) la sœur de celui-ci, la narratrice, normalienne, sadienne, agrégée de lettres classiques et professeur à Yale. Commence entre eux une amitié érotique que Catherine rompt pour épouser son Américain mais qui fera place à une amitié durable malgré quelques hoquets, renforcée par une trajectoire similaire.Après un premier voyage éblouissant aux États-Unis où il tombe amoureux de New York, de l’Amérique et des Américains, Thomas est accepté en master d’administration des arts à Columbia University, où il fera un doctorat de lettres dirigé par Antoine Compagnon. 250 FRENCH REVIEW 91.2 Reviews 251 Son admission dans le programme est sa première victoire; ce sera la seule. Il n’obtiendra pas le poste de Princeton dont il était persuadé qu’il était le sien, ne sera pas retenu pour celui qui s’ouvre après deux ans à Reed College et ne survivra pas à une évaluation négative après trois ans à Virginia Commonwealth University. Érudit (en littérature, cinéma et musique—classique ou de jazz), Thomas est aussi arrogant, vaniteux, dédaigneux de la politique et de la hiérarchie des départements universitaires américains, il est l’“exalté du campus”, “kinky, sleazy” (163), “very French” (138), offrant à ses étudiants alcool et commentaires sexuels. Se réclamant de Casanova, Gainsbourg, Sollers, Houellebecq, il aime les femmes, mais ses quatre grandes relations se soldent par des échecs...

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