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THE FRENCH REVIEW, Vol. 91, No. 2, December 2017 Printed in U.S.A. Film edited by Cheira Lewis 203 Babinet, Olivier, réal. Swagger. Int. Aïssatou Dia, Mariyama Diallo, Abou Fofana, Nazario Giordano. Faro, 2016. Tout comme dans La cour de Babel (Bertuccelli, 2013), Babinet cède la parole à onze adolescents d’Aulnay et de Sevran dans un collège d’Aulnay-sous-Bois (SeineSaint -Denis) à partir de leur point de vue. Il n’en faut pas beaucoup pour être séduit par le charisme de Salimata, Mariyama, Régis, Naïla et Paul (pour n’en nommer que quelques-uns). Ce voyage visuel impressionnant qui—tout comme le documentaire de Bertuccelli—résulte d’une longue présence du réalisateur dans le collège en question, diffère de La cour de Babel en ce que la fiction trouve aussi sa place dans la mise en scène. Il est vrai que le mélange des genres (comédie musicale et science-fiction) ainsi qu’un montage élaboré de champ/contrechamp peuvent être déroutants, mais cette démarche esthétique (ou processus d’humanisation) retient notre attention et confère une sorte de troisième dimension à ces histoires personnelles construites autour de motifs d’une originalité parfois étonnante. Ainsi, Régis, qui vit seul avec sa mère et rêve d’être styliste, se voit accorder une superbe séquence où il défile au ralenti dans les couloirs du collège vêtu d’une veste de fourrure. Paul, né à Pondichéry (Inde) et toujours vêtu d’un costume-cravate, revêt un petit air de Gene Kelly lorsqu’il danse dans les rues sur fond de musique rock tout en tenant un parapluie rouge. Chaque séquence laisse entrevoir autre chose que l’image dépréciée de l’adolescent de banlieue. Le tout comprend de longues pauses (parfois jusqu’à l’excès) et des gros plans qui ponctuent la particularité des propos de chacun et en relèvent—suivant l’interprétation qu’on en fait—l’incongruité, l’hilarité ou la tristesse. Naïla voit en Mickey un personnage dangereux et méchant. Elle aimerait être architecte car elle dénonce ceux qui “font des grands bâtiments” mais qui résident dans les “grandes villes”. Salimata, quant à elle, aimerait être Obama pour“mettre la pression aux autres”. Certains propos soulignent l’échec évident de la mixité sociale à Aulnay-sous-Bois—ou“l’Afghanistan de Paris”, pour reprendre les mots de Régis. Peu parmi ces collégiens connaissent et/ou côtoient des“Français de souche”—un constat parfaitement illustré par leurs questions (“C’est quoi, Français de souche?”). On parle aussi du bled, de la religion, du racisme, de la présence des Roms en France. Ce patchwork de portraits fait que l’ensemble évite les conclusions biaisées et parvient à témoigner d’une réalité sociale tout en esquivant une interprétation réductrice. L’approche quelque peu anthropologique de Babinet rappelle celle de Chantal Briet dans Alimentation générale (2005) et permet d’envisager plus concrètement les espoirs de cette jeunesse en mal d’être vue. DePauw University (IN) Cheira Lewis ...

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