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Reviews 217 et stratégique maladresse, là où on aurait pu s’attendre à “trop dire ou pas assez”). L’essai est divisé en quatre chapitres qui sont autant d’angles d’approche. L’auteure s’emploie à interroger la densité au niveau: 1) conceptuel (la visée d’un idéal de totalité—ou de pureté—via la saturation ou la concision); 2) rhétorique (l’expression, les figures qui opèrent “les variations du plus et du moins”, 57); générique (ou comment différents genres se prêtent à l’abondance ou au dépouillement); 4) communicationnel (la scène de la lecture, ses malentendus, ses plaisirs, ses échecs). C’est pourtant “du côté de la lecture” (119) que revient sans cesse Schlanger, puisque cette densité dont les manifestations semblent pouvoir s’énumérer ad nauseam est toujours définie, en fin de compte, non pas comme essence, mais au contraire dans son fonctionnement, évaluée selon “l’attention” qu’elle peut retenir ou décevoir—saisie, bref, en tant qu’“effet”, lequel constitue le véritable “fil conducteur” (53) de l’enquête. Il serait peu de dire que Schlanger, pour reprendre le titre d’un de ses ouvrages,“pense la bouche pleine”: sa démonstration, excessive et assez difficilement résumable, éblouissante d’érudition mais parfois aussi étourdissante, accumule dans sa “fuite” (150) les exemples pêle-mêle et bricole son cadre théorique par associations inusitées, souvent lumineuses.Ainsi Balthazar Gracián permet-il de repenser le“non-style”(77) de Camus dans L’étranger. De la même manière l’opposition “hot/cool”, reprise à Marshall McLuhan et sur laquelle l’auteure mise beaucoup, est largement profitable mais elle nous vaut aussi quelques formulations qui sembleront moins heureuses:“La masse de la création poétique de l’humanité a été hot” (92). Certains raccourcis (sur l’écriture fragmentaire, l’histoire de la poésie ou la pornographie au dix-huitième siècle—et la censure?) et certaines omissions (le lisible/scriptible de Barthes) surprendront , mais il faut s’incliner devant l’intelligence vive de l’analyse ici offerte. Pour citer Schlanger quand elle s’intéresse, en conclusion, à “la lecture de l’œuvre théorique”, il est certain que le lecteur se trouvera porté “jusqu’au bout” par cet ouvrage “enfiévré, turbulent, débordé” (148). Bard College (NY) Éric Trudel Speziari, Daniele. La plume et le pinceau: Nicolas Denisot, poète et artiste de la Renaissance (1515–1559). Genève: Droz, 2016. ISBN 978-2-600-01918-7. Pp. 288. Poète associé au mouvement de la Pléiade, peintre, calligraphe et peut-être agent secret au service du roi de France, Nicolas Denisot n’avait pas fait l’objet d’une véritable monographie complète depuis les travaux de Clément Jugé publiés en 1907. Le livre de Daniele Speziari offre donc une nécessaire mise au point sur la carrière et l’œuvre d’un auteur souvent classé à tort parmi les poètes “mineurs” de la Renaissance française. La première partie de l’ouvrage est consacrée à la biographie de Denisot, ainsi qu’aux vicissitudes d’une carrière partagée entre poésie et peinture. Bien que l’incertitude subsiste au sujet de sa formation littéraire et artistique, la découverte du testament inédit de l’écrivain a permis à Speziari d’offrir d’importantes précisions sur sa situation personnelle, ainsi que sur la date de son décès. Au sujet du fameux séjour de Denisot à Londres, l’auteur reprend l’hypothèse selon laquelle les talents de peintre et de cartographe du Manceau aurait fait de lui un espion idéal pour la couronne de France. Il nous rappelle aussi qu’en tant que précepteur des sœurs Seymour, le poète fréquenta un milieu favorable à la Réforme, sans pour autant avoir été séduit par les idées de Luther et de Calvin. Grâce à une recension très précise des pièces adressées par Denisot à ses illustres contemporains, ainsi qu’à celles que Ronsard, Du Bellay, Jodelle et bien d...

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