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Moret-Jankus, Pauline. Race et imaginaire biologique chez Proust. Paris: Garnier, 2016. ISBN 978-2-8124-6021-0. Pp. 315. Les nombreuses références scientifiques dans l’œuvre de Proust ont été abondamment étudiées (voir par exemple Nicola Luckhurst, Science and Structure in Proust’s À la recherche du temps perdu [2000], et François Vannucci, Marcel Proust à la recherche des sciences [2005]). L’analyse détaillée de Moret-Jankus porte plus particulièrement sur le domaine de la biologie et sur ses rapports avec la notion de ‘race’, un terme qui était largement utilisé du vivant de Proust, mais qui est évidemment fort chargé au niveau politique. À notre époque, comme le signale l’auteure, “le terme de race provoque, en France, un sentiment de recul. Remarquons que ce rejet linguistique n’apparaît pas au même degré en anglais” (15). Moret-Jankus commence par dresser la liste des scientifiques qui ont pu influencer Proust, le plus souvent de façon indirecte: “ce sont principalement Lamarck, Darwin, Haeckel et Mendel” (22). Elle rappelle également le rôle de la famille, puisque le père et le frère de Marcel Proust étaient médecins. Un chapitre est consacré aux théories racialistes de la fin du dix-neuvième siècle et à la question de leur influence éventuelle sur Proust: “La race est donc un concept qui fait partie du monde mental des personnages, narrateur compris” (109). On trouve dans les chapitres suivants une analyse de la notion de “Race maudite”, à travers laquelle Proust associe les juifs et les homosexuels. Dans le dernier chapitre, Moret-Jankus examine “le potentiel créatif et esthétique de l’imaginaire biologique sur la réflexion littéraire proustienne” (219). Dans l’ensemble, ce livre constitue une synthèse de deux disciplines fort différentes: la critique littéraire, avec des enjeux essentiellement esthétiques,et l’histoire des idées scientifiques,en particulier la question de leur dissémination (et souvent, leur déformation) parmi un public plus général. Faisant toujours preuve de nuance et de précision, l’auteure analyse comment les théories ultra-nationalistes sur la“race française”sont reflétées dans l’œuvre de Proust, et dans quelle mesure la célèbre ironie proustienne sert de contrepoids discursif à leur présence dans le texte (par exemple, le cas de l’antisémitisme du baron de Charlus). Cependant, Proust, lui-même homosexuel et d’ascendance juive, ne se démarque pas entièrement d’une conception réductrice qui était largement acceptée à son époque: “une essentialisation de l’identité de groupe, qu’elle soit juive ou homosexuelle”(218). Au croisement de la science et de la littérature, Moret-Jankus trouve que la“botanique et la zoologie contribuent puissamment à la mise en place d’une image de l’homosexuel dans la Recherche” (205). Si la lecture de ce livre est parfois ardue, on ne peut que le recommander à tous ceux qui s’intéressent à l’œuvre de Proust. Western Washington University Edward Ousselin 206 FRENCH REVIEW 91.3 ...

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