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Reviews 245 Matton, François. Exercices de poésie pratique. Paris: P.O.L, 2017. ISBN 978-2-81804244 -1. Pp. 128. Puisqu’ il s’agit d’exercices quotidiens, je recommande la lecture de cet ouvrage à raison d’un chapitre par jour. Après un mois, le lecteur aura droit à la même“dignité” (26) et à la même“aspiration à l’expérience poétique”(8) que l’auteur. En fermant les yeux ou en dessinant, Matton encourage à“retrouv[er] la fraîcheur de [n]os cinq ans” (30), ou bien ce qu’il nomme “votre petite enfance” (90). En écrivant (“salir un peu cette maudite feuille blanche” 62) ou en marchant (“regarder droit devant en vous efforçant de ne rien fixer” 76), nous pouvons vraiment sentir et comprendre tout ce qui nous entoure. Dans un monde moderne rempli de “caquetage saisissant des voix en vous” (26), de “vain bavardage” (44) et de “blabla” (80), il faut aller à la quête du calme. En fait, le titre de chaque chapitre est à l’impératif pour nous obliger à changer nos attitudes quotidiennes: “Noyez-vous dans la béatitude” (chapitre 3) précède “Désidentifiez-vous de votre corps” (chapitre 4). Avec son ton léger et encourageant, Matton nous prie d’accomplir des exercices ultra-difficiles: “Laissez-vous tomber” (chapitre 16) ou “Débarrassez-vous de l’idée d’avoir des problèmes” (chapitre 19). Matton est non seulement spécialiste de la motivation (“vous êtes très doué”, nous rassure-t-il, 37), mais aussi il est expert à décrire tout ce qui nous trouble. Si l’on s’inquiète d’un manque de temps, il faut faire des exercices qui nous permettent de vivre “hors du temps” (69). Si l’on possède trop de “ces bibelots encombrants” (112), il faut imaginer un espace vide. Si l’on veut échapper à “un monde saturé d’images” (84) ou à “des tombereaux de pixels” (84), on peut se déconnecter (de la télé, de l’Internet, des réseaux sociaux). La définition de la poésie dans ce manuel n’est pas facile à saisir, car elle s’insère lentement dans notre vie quotidienne. Matton nous assure qu’elle est toujours présente: “vous n’êtes pas un laissé-pour-compte de la providence [...] tout au contraire, elle n’a cessé depuis le début de se démener pour vous montrer la voie vers une vie libre regorgeant de poésie” (73–74). Les dessins du livre nous inspirent à créer les nôtres, peu importe leur simplicité. On y trouve Betty Boop parmi des montgolfières (13) et un mélange d’objets disparates: des chaussures, des bras, la lettre “o”, la phrase “comprends pas”, des étoiles, un château (10). Des flèches nous montrent des directions: celles qui vont“vers le monde”et celles qui vont “vers la transparence”(16). L’expression“toute une ribambelle d’objets”(36) exprime bien le processus de visualisation qui permet d’aller par-delà“la grisaille du quotidien” (100). Le rire poétique fait partie de ce manuel, et l’auteur anticipe la moquerie de ceux qui ne verraient en lui qu’“un gourou new age” (58). À vrai dire, je me suis plu à faire ces exercices pratiques qui m’ont permis d’affirmer l’idée que “tout le monde est comme vous” (54). Je me réjouis de cette complicité avec l’auteur: “À nous la poésie!” (59). University of Minnesota Lydia Belatèche ...

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