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l’occupation allemande, Yaya sympathise avec les maquis alors que la famille de l’enfant soutient le régime de Vichy. Les séparations et les retrouvailles s’enchevêtrent. L’abandon de la petite fille par la mère à l’âge de deux mois est qualifié d’exemplaire (7) parce qu’il réunit l’enfant à Yaya. L’enlèvement à sa nourrice à six ans et les retrouvailles avec la mère sont vécus douloureusement. La narratrice part de chez ses parents“comme une voleuse, une bohémienne”(91). Des années plus tard, elle cherche Yaya “avec l’obstination d’une fourmi ouvrière” (121) et la retrouve chez les Petits Frères des Pauvres, où on soutient les personnes âgées qui vivent dans l’isolement, la pauvreté et la précarité (123). À la vue de la jeune fille, Yaya jubile “comme une petite fille à l’instant où elle reconnaît de très loin sa mère” (126). L’anachronisme apparent (fille-mère) souligne le lien spirituel entre la nourrice et la jeune fille:“Si l’une de nous deux était morte, l’autre l’aurait senti”, affirme Gallois (121). Par ce récit, l’auteure ne rend pas simplement compte des bribes de son histoire personnelle. Elle fait une vibrante déclaration d’amour et de gratitude à Yaya, elle revendique son appartenance à son existence:“Même quand j’étais dans le ventre de ma mère, je te souriais déjà”, lui déclare-t-elle (122). Gallois renoue essentiellement le cordon ombilical avec le cœur plutôt qu’avec le sang:“Je ne pourrai pas être vraiment moi avant d’avoir renoué le lien qui m’a ouvert à la vie” (98). Le cordon affectif, qui n’a pas besoin d’être coupé, renforce le retour à ce“jardin enchanté”(13) où, comme l’auteure le signale dans une interview, tout était juste, beau et simple. L’amour vital dans Et si tu n’existais pas rappelle la chanson de Joe Dassin du même titre et qui continue: dis-moi pourquoi j’existerais. Heureusement pour Gallois, elle retrouve son paradis perdu. University of Portland (OR) Khadija Khalifé Guilbault,Anne.Pas de deux.Montréal: XYZ,2016.ISBN 978-2-89772-007-0.Pp.116. Lors d’une journée de canicule, une femme met fin à sa vie en se jetant en bas d’un pont situé dans un village desservant une écluse, un café et un cirque. Treize individus—témoins ou non, connaissances ou non—réagissent ou pas à cet événement suivant la chorégraphie du pas de deux théâtral tel que le décrit en exergue Maurice Béjart: “Dans un ballet, le pas de deux est presque toujours le moment [...] où le jeu de l’amour et de la mort, qui est à la base de toute dramaturgie, atteint son point culminant et nous achemine vers le dénouement”. Le premier mouvement du roman d’Anne Guilbault est un solo. La serveuse d’un café part au hasard de la route, outrée par une réflexion que lui avait faite son ami ce jour-là. Sa balade en voiture sert de transition entre divers pas de deux jusqu’à ce qu’elle aboutisse, juste avant la coda de ce ballet littéraire, chez un ermite qui habite la région et avec qui la jeune femme s’entretient de vie et de mort. Suivent d’autres pas de deux. Un homme tout à fait indifférent au compte rendu du suicide qu’il a lu dans le journal s’apitoie sur le sort d’un oiseau qui s’est cogné contre la vitrine de son salon, que sa femme et lui ont placé 240 FRENCH REVIEW 91.3 Reviews 241 dans une boîte, et qui a décidé d’y vivre le reste de ses jours. Le gardien du port revit en pensée le suicide de sa femme; un journaliste a l’impression de tomber en même temps que la victime; le trapéziste du cirque, qui ramassait des bouteilles sur la grève au moment du drame, se projette dans l’avenir; la cuisinière du...

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