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Reviewed by:
  • Les religions, la parole et la violence by Claude Hagège
  • Samia I. Spencer
Hagège, Claude. Les religions, la parole et la violence. Odile Jacob, 2017. ISBN 978-2-7381-2518-7. Pp. 238.

Hagège procède à une réflexion sur deux questionnements: pourquoi les discours des différentes religions, au lieu de rapprocher les humains, les mènent à des affrontements dont la violence ne connaît pas de limites; et d'où vient le besoin des hommes de croire en un dieu. Afin d'étudier ces sujets dans toute leur complexité, l'auteur analyse le terreau sur lequel se fondent la plupart des religions, à savoir le refus de la mort, la quête d'immortalité, le besoin de trouver un sens à la vie, la soif de transcendance, la peur de l'au-delà et du Jugement dernier et le désir de partage qui conduit à l'ardeur de convertir. La plus grande partie du livre rappelle l'histoire, la philosophie et les dogmes les plus significatifs des trois grandes religions monothéistes—judaïsme, christianisme et islam—ainsi que les rapports étroits entre elles et les liens entre foi et rationalité. Hagège passe ensuite en revue les sagesses et les mythes des religions de l'Orient asiatique—zoroastrisme, hindouisme, shintoïsme, bouddhisme, confucianisme—avant de terminer avec deux tendances modernes, le comtisme et le transhumanisme. L'érudition de l'auteur lui permet de saisir en quelques pages l'essence des principales traditions et pratiques sur lesquelles se basent les fidèles, et d'établir des parallèles et des contrastes entre les objectifs de toutes les religions. Il insiste sur la langue comme support des livres confessionnels, cite les textes les plus importants, et explique les différentes significations que peuvent charrier les mots des textes originaux. Leur polysémie complique la tâche des traducteurs et entraîne [End Page 226] diverses interprétations au cours des âges. Un autre facteur de complexité est le passage à l'écriture, alors que l'attachement à l'oralité était si profond qu'il pouvait entraîner un"rejet de l'écriture par certaines religions" (32). Hagège rappelle le rôle et l'influence des traductions sur de nombreuses langues dont le vocabulaire "sera enrichi, et même les structures syntaxiques seront modifiées, sur le modèle des langues des traducteurs, essentiellement l'allemand, le français et plus tard l'anglais. Telle est l'histoire, notamment, du finnois et de l'estonien" (27), et même des langues asiatiques. Discuter de religion conduit nécessairement au rappel de leurs contributions à la culture humaine, leur instrumentalisation par les pouvoirs politiques afin d'asseoir leur domination sur une légitimité divine, et les guerres entreprises au nom de la foi depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, alors que les véritables motivations sont souvent "inséparables d'appétits de pouvoir et [...] de profits financiers" (122). Ayant fait le tour des deux questions qui ont suscité sa méditation, et ayant atteint l'"étape finale d'une chevauchée assez personnelle et de vive allure" (215), Hagège conclut que sans doute"le moyen le plus raisonnable et le plus efficace pour conjurer les affrontements, que la différence entre les religions a si souvent provoqués, [serait] un régime indifférent aux croyances et les considérant toutes de façon égale" (217). N'est-ce pas au fond ce à quoi tend la loi de 1905?

Samia I. Spencer
Auburn University (AL), emerita
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