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Reviewed by:
  • Boccanera by Michèle Pedinielli
  • Jean-François Duclos
Pedinielli, Michèle. Boccanera. L'Aube, 2018. ISBN 978-2-8159-2725-3. Pp. 210.

Ghjulia Boccanera (prononcez Dioulia, c'est corse) enquête sur le meurtre de l'ingénieur Mauro Giannini. La petite cinquantaine, Boccanera n'en est pas à sa première affaire. Celle-ci semble d'abord pointer vers un crime homophobe, le fiancé de la victime étant lui aussi tué, vraisemblablement des mains du même assassin. Mohamed, le réfugié syrien qui doit lui réparer son scooter, a brusquement disparu avec sa famille, si bien que Boccanera circule le plus souvent à pied dans les rues du centre, où elle réside depuis l'enfance, et du côté de la mer, dont elle ne se lasse pas de découvrir les charmes. Chaque sortie motivée par les besoins de l'enquête se transforme en promenade. Le centre historique au moment de la sieste, le port à l'heure bleue, les clubs la nuit tombée: pas de doute, nous sommes à Nice, et la cité d'origine grecque restée longtemps sous giron italien fait figure dans ce premier roman de Piedinielli de protagoniste à part entière. Difficile d'ailleurs d'imaginer plus niçoise que notre guide, que l'amour pour sa ville n'empêche pas, bien au contraire, d'avoir des opinions solidement arrêtées sur la presse municipale, la politique des édiles et leur gestion des budgets. Nice souffre de ses transformations, d'autant qu'y plane le souvenir de l'attentat du 14 juillet 2016. Heureusement que tout cela, du moins en apparence, n'entame pas une forme d'amitié discrète que les habitants d'un même quartier se portent l'un à l'autre, et qui se manifeste à la terrasse des cafés et dans les paroles échangées. Mais revenons à l'enquête. Aux deux premiers morts il s'en faut de peu pour que s'ajoute un troisième: on en veut en effet à Ghjulia, qui à deux reprises échappe à la mort. La première tentative manque de laisser sur le carreau son ex-époux, le policier Joseph Santucci. Le danger est écarté à la seconde d'un coup de marteau par un voisin bricoleur et noctambule. On découvre alors que le tueur est un policier syrien connu dans la région de Homs pour ses exécutions de sang-froid. Que vient-il donc faire à Nice? Y a-t-il un rapport avec la brusque disparition de Mohamed et de sa famille? L'affaire se complique et son centre de gravité coulisse en direction du chantier d'un nouveau tramway dont une partie de l'itinéraire nécessite la signature de juteux contrats. Alliant la litote et l'exubérance onomatopéique, une forme originale d'adresse aux lecteurs (tantôt les vouvoyant, tantôt les tutoyant) couplée à un solide sens de l'autodérision, un style se met en place, qui ajoute au plaisir d'avancer efficacement dans l'enquête celui de découvrir un personnage solidement ancré dans son humanité. "Nous ne sommes pas de la race de ceux qui se laissent abattre" (206): ces paroles prononcées en italien par l'arrière-grand-père maternel, dans sa bouche une malédiction, sonnent plutôt bien dans celle d'une détective privée en Doc Martens, peu portée sur les armes, qui hésite rarement à se jeter dans la gueule du loup et dont on espère lire prochainement la suite des aventures. [End Page 246]

Jean-François Duclos
Metropolitan State University of Denver (CO)
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