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  • Autoportrait de Paris avec chat by Dany Laferrière
  • Jason Herbeck
Laferrière, Dany. Autoportrait de Paris avec chat. Boréal, 2018. ISBN 978-2-7646-3533-9. Pp. 314.

Nombreuses sont les traditions réservées aux "immortels" de l'Académie française—du célèbre habit vert agrémenté de cape et d'épée jusqu'au discours de [End Page 240] remerciement, tenu sous la Coupole, pendant lequel chaque nouvel académicien "n'omettra pas de prononcer l'éloge de son prédécesseur" <académie-française.fr>. Élu membre de l'Académie en 2013 à la suite de la vacance du 2e fauteuil occupé antérieurement par Hector Bianciotti, Laferrière nous offre, dans Autoportrait de Paris avec chat, une réflexion à la fois historique et personnelle sur le travail, l'inspiration et surtout les rapports entre écrivains. Ayant choisi d'être à Port-au-Prince lors de l'annonce officielle de sa nomination, Laferrière finit par s'embarquer pour Paris pour préparer le discours de son installation. Et c'est là, dans un appartement donnant sur la gare de l'Est, qu'il entreprend ce roman dessiné à grand format (22cm × 32cm) qui souligne le rapport viscéral qu'il entretient avec la littérature. D'emblée, l'écrivain nous relate la livraison d'une caisse contenant ses plus chers textes dont chacun des titres, griffonnés dans de cahiers à petits carreaux de couleurs variées, plane au-dessus d'un croquis dessiné par Laferrière lui-même, verre de vin levé pour fêter les retrouvailles jubilatoires. Dans ce volume inédit, tant par la forme que par le fond (la totalité de l'œuvre, jusqu'à l'ISBN, est dessinée ou écrite à la main par l'auteur), s'emmêlent plusieurs genres. En effet, des anecdotes autobiographiques allant de l'édifiant (son arrivée à Montréal en 1976) à l'anodin (ses observations quotidiennes à Paris) côtoient des remarques sobres sur l'actualité (les attentats du 13 novembre 2015) et des voyages tirés de l'imagination de l'auteur, dont celui à Alphabetville, où les "voyelles [...] passent leur temps à rigoler au balcon de la plage ou de la page" tandis que les consonnes, "la classe ouvrière", restent au rez-de-chaussée (20–21). Autoportrait fait aussi office de journal intime. Laferrière raconte par exemple ses efforts infructueux de tout savoir sur Bianciotti, son prédécesseur à l'Académie, car "aucune librairie [à Paris] n'en a les œuvres complètes" (83). Et Laferrière de conclure, face à cet obstacle, "Je dois rencontrer ceux qui l'ont connu" (289), ce qui l'amène à réfléchir aussi bien sur des rencontres entre écrivains (parmi lesquels Fanon et Sartre; Boris Vian et Queneau; Richard Wright, James Baldwin et Chester Himes) que sur ses propres rapports avec des écrivains connus soit personnellement (Malraux et Alain Mabanckou) soit par le biais de leurs œuvres (Apollinaire, Borges et Montaigne), et aussi sur la mort précoce de certains écrivains (Barthes, Camus, Nimier). On a attribué à Laferrière, comme c'est l'usage lors de la réception d'honneur d'un nouvel immortel, un nouveau mot. Le sien est vaillant. Ne serait-ce qu'en raison de l'ardeur dans l'entreprise de cet immense recueil de dessins et de pensées, le mot lui va bien, décidément. Or la vraie témérité de Laferrière pourrait résider aussi dans l'exploration buissonnière et pourtant sans ambages de sa nouvelle immortalité et, particulièrement, de "la mince bande qui sépare le passé du présent" (285) pour nous tous, immortels ou pas. [End Page 241]

Jason Herbeck
Boise State University (ID)
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