In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Ce que le mirage doit à l'oasis by Yasmina Khadra
  • Alek Baylee Toumi
Khadra, Yasmina. Ce que le mirage doit à l'oasis. Flammarion, 2017. ISBN 978-2-08-142175-2. Pp. 192.

Le désert est personnifié et devient un interlocuteur dans ce beau texte poétique ornementé de peintures et de calligraphies arabes réalisées par l'artiste tunisien Lassaâd Metoui. Le titre de l'ouvrage n'est pas sans rappeler l'autre roman de Khadra, Ce que le jour doit à la nuit (2008), une histoire d'amour portée à l'écran par le cinéaste pied-noir [End Page 238] Alexandre Arcady. Dans Ce que le mirage doit à l'oasis, Yasmina Khadra (de son vrai nom Mohammed Moulessehoul) parle d'un autre amour, le désert, à qui il confie l'impact que celui-ci a eu dans sa vie: "Désert, je te dois la force tranquille de ma muse: je te dois chaque mot qui me traverse l'esprit" (78). Ainsi donc, le désert est une source d'inspiration et, aussi, un retour à l'enfance aux portes du Sahara. Si la mer bleue et le soleil d'Algérie sont omniprésents dans l'œuvre d'Albert Camus, dans cet ouvrage, Khadra rend hommage à l'océan de sable et de soleil, aux dunes, au Sahara immense, à ce dieu infini et majestueux, cette mer de sable et de regs de pierres. Dans l'entretien avec TV5 Monde à l'occasion de la sortie du livre, Khadra déclare que le désert est un "livre ouvert" où chacun peut trouver exactement ce qu'il cherche. Khadra affirme y avoir trouvé "l'apaisement", "la plénitude" et "l'amour de la littérature". Le récit est à la fois prose et poésie, alternant avec le dialogue entre l'auteur et sa muse. Différent des ouvrages précédents, tant par le grand format de 19 sur 24 centimètres que par le contenu, le livre est une autofiction où on apprend sur l'enfance de Khadra à Kenadsa, ses études à l'école des Cadets de la Révolution, son engagement dans l'armée algérienne et sa participation dans les combats contre les hordes islamistes pendant la décennie noire de la guerre civile algérienne. Le livre rend donc hommage à la mer de sable, mais aussi à la femme en général, la mère, la tante, l'épouse. À la recherche du temps perdu, Khadra, qui dans le même entretien qualifie son ouvrage de "voyage initiatique à l'envers", imagine la rencontre de ses parents étrangers l'un à l'autre la veille de leur mariage. Ses souvenirs et la quête du désert l'emmènent à la quête de ses ancêtres, hommes libres dans ce lieu immense avec ses lois et ses règles: "Ainsi est mon histoire avec le livre, le Désert et les Hommes: c'est l'histoire d'un partage, l'histoire d'un amour vieux comme le monde, l'amour du rêve. Aucune vie ne saurait être précieuse si on ne sait pas rêver" (180). Khadra rapporte aussi comment il fut banni d'Oran, seconde ville sur la Méditerranée face à l'Espagne, pour être exilé à Tamanrasset, à 2000 kilomètres au fin fond du désert. Militaire, son crime est d'avoir participé en 1988 à l'émission littéraire algérienne Parenthèses (équivalent d'Apostrophes de Bernard Pivot). Un très bel ouvrage, très bien écrit, une nouvelle Fleur du mal de l'Algérie plurielle, millénaire, multiethnique et multilingue.

Alek Baylee Toumi
University of Wisconsin, Stevens Point
...

pdf

Share