In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Mobile home by Marion Vernoux
  • Véronique Anover
Vernoux, Marion. Mobile home. L'Olivier, 2017. ISBN 978-2-82361-33-5. Pp. 245.

Dans ce récit autobiographique, la narratrice fait l'inventaire de sa vie à travers ses meubles. Chaque chapitre traite d'un meuble précis qui a laissé une trace indélébile dans la mémoire de l'auteure, qui est aussi scénariste et réalisatrice de films. Et chaque meuble, à la manière de la réminiscence de la madeleine chez Proust, transporte la narratrice vers une autre époque de sa vie. D'où un récit qui manque de structure chronologique et dont l'agencement dépend plutôt de la place qu'a prise chaque meuble dans la vie de Marion Vernoux. Le lecteur apprend que celle-ci a eu une vie assez mouvementée, qu'elle a déménagé et emménagé de nombreuses fois, et qu'elle est issue d'une famille juive, décomposée et déportée. L'auteure s'adonne à son texte qui a pour tâche de "sauver les meubles" (11)—une image judicieuse, du reste—pour tenter de comprendre, de guérir et de donner un sens à son existence. Pour mettre ses idées en ordre, Vernoux trace souvent des listes qui résument un souvenir ou une époque de sa vie. Ainsi, à propos de l'intention de son oeuvre, elle commence sa première liste:"tromper l'attente, raison garder, solder mes deuils, ma séparation, mes addictions [...], conjurer l'arrivée de la cinquantaine" (11). La prose de Vernoux est impudique, directe et franche, en même temps que lyrique. La narratrice se met à nu et s'expose devant l'armoire à glace. La nudité devient psychologique aussi. Ainsi, dans le chapitre "Patchwork", elle confesse sa peur d'enfant lorsqu'elle restait seule à la maison le soir, et dans "L'échelle", elle fait part de son désarroi après la rupture avec le père de ses trois enfants. D'ailleurs, dans ce chapitre poignant et déchirant, figure l'image de l'écrivaine qui descend les barreaux de l'échelle un par un, comme une descente en enfer. C'est l'enfer que vit une femme qui vient d'avoir cinquante ans, et qui remet en question sa vie personnelle et professionnelle. Car il n'est point facile de percer comme scénariste et réalisatrice dans un univers particulièrement masculin, et plus particulièrement quand son ex-mari est Jacques Audiard, le metteur en scène réputé. Vernoux ne peut s'empêcher de se sentir petite, voire nulle. C'est ainsi qu'elle se présente dans le premier chapitre, "Le vestibule": "Moi, Marion V., quarante-neuf ans, femme au foyer, intermittente, chômeuse. [...] Je vais faire face, je sais faire face à ce sentiment d'inutilité, de nullité, de honte, de vacuité, d'impuissance, de gâchis" (11). Toutefois, le dernier chapitre,"Dehors, c'est grand", apporte un brin d'espoir:"Marcher, il ne suffit pas de se tenir debout. Avancer" (242). Grâce à cette brèche spatiale, la narratrice est enfin sauvée des limites où la confinent les souvenirs. [End Page 279]

Véronique Anover
California State University, San Marcos
...

pdf

Share