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Reviewed by:
  • L'éducation de Monsieur Go by Adèle Lauzon
  • J. Vincent H. Morrissette
Lauzon, Adèle. L'éducation de Monsieur Go. Boréal, 2017. ISBN 978-2-7646-2506-4. Pp. 220.

Le titre peut induire en erreur, car ce n'est pas l'histoire de l'éducation d'un certain Monsieur Go. C'est plutôt le récit de la condition maniaco-dépressive de la journaliste québécoise Adèle Lauzon. La présente autobiographie fait pendant à un récit auto-biographique antérieur (Pas si tranquille. Souvenirs, 2008) dans lequel Lauzon retrace sa carrière de journaliste. Au fait, elle est la première journaliste au Québec à traiter de politique internationale alors que jusque-là ce domaine était réservé aux journalistes mâles. Dans L'éducation de Monsieur Go, le journalisme sert de toile de fond, et parfois de point de repère, aux états alternatifs d'abattement et d'exaltation que subissait la journaliste. C'est dans ces conditions, par exemple, qu'elle a couvert le premier référendum de 1980 sur la souveraineté-association au Québec, ayant déjà couvert les deux révolutions d'autodétermination à Cuba et en Algérie. Invalide de corps et d'esprit au point qu'elle ne peut plus travailler, Lauzon rentre à Montréal où elle trouve un chat de ruelles qu'elle nomme Monsieur Go à cause de ses poils blancs et noirs (correspondant aux jetons blancs et noirs du jeu de go japonais). À mesure qu'elle apprivoise Monsieur Go, les périodes maniaco-dépressives de l'entraîneuse s'amoindrissent mais sans pour autant disparaître tout à fait. En 1990, l'auteure trouve que le compagnon qu'elle avait "fait passer de son état de chat de ruelle squelettique et sauvage à celui de majestueux matou" (181) se trouvait en si piteux état qu'elle devait le faire euthanasier. Ce faisant, elle a senti "profondément qu'après avoir ressuscité cette bête dix ans auparavant, [elle] entreprenai[t] un vrai deuil" (182). Parallèlement à ces épisodes d'abattement et d'euphorie, Lauzon rapporte également plusieurs aspects de sa vie intime, notamment en ce qui concerne ses parents, ses mariages, ses fils, sa lutte pour subsister, ses amitiés, ses connaissances, ses ruptures, ses moments d'indifférence, ses moments de vie normale et sa mauvaise réputation de déprimée. Ce qui doit sûrement étonner en lisant cette autobiographie, c'est qu'une personnalité tourmentée par de telles sautes d'humeur extrêmes ait pu avoir une vie active apparemment réussie. Elle a en effet voyagé partout en Europe, en Afrique, à Cuba, aux États-Unis et, bien sûr, dans diverses régions du Canada. Elle a connu aussi bien de grandes personnalités (Che, Éluard, Mohamed Boudiaf, Mingus) que de grands événements de son époque (le communisme de l'après-guerre et les mouvements [End Page 258] d'autodétermination cubain et algérien). Dans son propre pays, elle a connu des hommes de lettres comme Hubert Aquin et des intellectuels comme Pierre Vallières et, par-dessus tout, les artisans des deux référendums sur le séparatisme québécois: Robert Bourassa, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et René Lévesque. De nos jours, Lauzon vit avec ses deux chats dans un trois-pièces à Montréal où elle reçoit assez souvent des contrats de journaux et surtout où elle apprend à s'accommoder de sa santé et de ses humeurs à l'aide de thérapeutes, de médicaments antidépresseurs et d'amis compréhensifs.

J. Vincent H. Morrissette
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